LES BOURBONS
LOUIS XIII, LES PERSONNALITES
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"LA GAZETTE" Le cardinal de Richelieu a compris qu'un Etat, aussi puissant soit-il, a besoin d'une opinion publique éblouie par son prestige et qui l'approuve. Aussi met-il en oeuvre une propagande pour faire connaître les actions et la politique du roi et du Gouvernement dans un sens bien évidemment favorable. C'est avec empressement qu'il accorde à Théophraste Renaudot, médecin de son état, l'autorisation d'imprimer ses "Nouvelles à la main", qui, le 30 mai 1631, deviendront "La Gazette", le premier journal français. Créateur d'un "bureau d'adresses", à la fois service de renseignements et ancêtre du mont de piété, Théophraste Renaudot, devenu médecin du roi grâce au Père Joseph, l'éminence grise de Richelieu, est bien placé pour être au courant de tout ce qui se passe à Paris comme ailleurs. Informé par quelques amis qui entretiennent une correspondance suivie avec des provinciaux et des étrangers, il divertit ses patients par une foule d'anecdotes. Il a l'idée d'écrire toutes celles qui viendraient à sa connaissance et d'en faire des copies : ses Nouvelles à la main jouissent d'une telle vogue qu'il décide de les imprimer. De son côté, Richelieu songe à satisfaire la soif de la population, et en particulier des élites, avides de nouvelles politiques. Jusque-là, seul Le Mercure de France, un périodique annuel, rendait compte des événements de l'année passée, avec l'inconvénient de paraître trop tardivement après le déroulement des faits. Le premier numéro de La Gazette, un quatre-pages, paraît
le 30 mai 1631, empruntant le nom d'une feuille vendue à Venise pour
une "gazette", une petite pièce de monnaie. Si cette publication
est le premier journal à paraître en France, la plupart des pays
d'Europe connaissent déjà la presse, et Renaudot se documente
dans les journaux imprimés à Londres, Bruxelles, Cologne ou Bâle.
Hebdomadaire, La Gazette rend compte essentiellement des négociations
diplomatiques, des opérations militaires (les familles nobles s'inquiètent
pour leurs fils officiers), des anecdotes de la vie du roi et de la Cour. Mais
chaque lecteur aspire à s'y retrouver, et Renaudot s'en plaint dans sa
préface au recueil des numéros de la première année
: "Les capitaines y voudraient rencontrer tous les jours des batailles
et des sièges levés ou des villes prises; les plaideurs, des arrêts
en pareil cas; les personnes dévotieuses y cherchent les noms des prédicateurs,
des confesseurs de marque. Ceux qui n'entendent rien aux mystères de
la Cour les y voudraient trouver en grosses lettres. Tel, s'il a porté
un paquet en Cour, ou mené une compagnie d'un village à l'autre
sans perte d'hommes, ou payé le quart de quelque médiocre office,
se fâche si le roi ne voit son nom dans La Gazette". Le succès est indéniable, même si
les reproches et les critiques ne sont pas épargnés à Théophraste
Reanaudot, qui y répond chaque mois pendant les deux premières
années durant lesquelles il s'occupe du journal. Mais bénéficier
de l'appui inconditionnel du pouvoir se révèle à double
tranchant. A partir du 4 février 1632, Renaudot se met en tête
de distribuer un "supplément" mensuel, La Relation des nouvelles
du monde reçues tout le mois, dans lequel il reprend et explique
les informations les plus importantes, sans craindre de juger les hommes et
les événements. Ses critiques ayant déplu à Richelieu
et au roi, il doit y renoncer dès décembre 1633 et les remplace
par des Extraordinaires, qui occasionnellement ne réunissent que
des nouvelles, sans commentaire. Page MAJ ou créée le 2003 |