LES BOURBONS
LOUIS XV, LES PERSONNALITES |
MADAME DE VENTADOUR, GOUVERNANTE DE LOUIS XV La duchesse de Ventadour veille depuis 1704 sur les Enfants de France. En 1712, elle a vu mourir le dauphin, la dauphine de Bourgogne et leur fils aîné. Désormais, Louis XIV n'a plus pour héritier que le futur Louis XV, né le 15 février 1710. Et des liens indéfectibles vont se tisser entre l'enfant et sa gouvernante, qu'il appelle tendrement "maman Ventadour". Charlotte Eléonore Magdeleine de la Mothe Houdancourt, duchesse de Ventadour, a la cinquantaine lorsqu'elle obtient en 1704 la charge fort convoitée de gouvernante de Enfants de France. Cadette des trois filles d'un pair du royaume, Philippe de la Mothe Houdancourt, duc de Cardone et maréchal illustre, elle a succédé dans cette fonction à sa mère, Louise de Prie, marquise de Toucy. En outre, sa nomination a été favorisée par son amitié avec l'épouse secrète de Louis XIV, Françoise d'Aubigné, marquise de Maintenon. "Madame de Maintenon, par raison de ressemblance, aimait bien mieux les repenties que celles qui n'avaient pas fait de quoi se repentir", rapporte le duc Louis de Saint Simon dans ses Mémoires. C'est qu'une même dévotion, un rien tardive après quelques écarts de jeunesse, rapproche les deux femmes. Et la Cour, dont elle est l'une des figures les plus charmantes et les plus séduisantes, s'accorde, pleine de compréhension, à trouver des excuses à la duchesse de Ventadour, qui a certes épousé un homme bien né mais a fait un mariage malheureux. Pour son malheur, Charlotte de la Mothe Houdancourt a été mariée le 14 mars 1671 à Louis Lévis, duc de Ventadour et gouverneur du Limousin. Elle a vite été atterrée par les moeurs scandaleuses de son époux. Si bien qu'elle l'a quitté pour venir s'installer à Paris peu après la naissance en 1673 de leur fille unique, Anne de Lévis Ventadour. Les contemporains sont unanimes : le couple est fort mal assorti, et les chansonniers s'en amusent : "Sa femme, par sa prudence, "Madame de Ventadour était fort belle et fort agréable, écrit Saint Simon, son mari très laid et très contrefait (...). On se soucia peu du mari, dont la débauche et une absence continuelle à la Cour ne lui donnaient pas grande considération". Le duc de Ventadour quittera opportunément la scène en mourant en 1717. En revanche, dès son accession à la charge de dame d'honneur de Madame Palatine, duchesse d'Orléans et belle-soeur de Louis XIV, la duchesse de Ventadour est appréciée de tous. Evidemment, quelques mauvaises langues prêtent des amants à cette épouse trompée qui montre par ailleurs un net engouement pour les plaisirs de la vie mondaine. On murmure même qu'un tendre penchant l'attache depuis longtemps au duc François de Villeroy, futur gouverneur de Louis XV, qui l'a introduite auprès de madame de Maintenon. Les médisances concernant sa
vie privée n'empêchent pas madame de Ventadour de se montrer une
gouvernante remarquable. Lors des maladies fatales qui, en février et
mars 1712, emportent le dauphin Louis de Bourgogne, la dauphine et leur fils
aîné, le duc de Bretagne, elle sauve la vie du dernier descendant
direct de Louis XIV. A deux ans, le futur Louis XV ne se rend pas encore compte
de la dette qu'il a contracté envers elle. Mais spontanément,
et pour toujours, il l'appelle sa "chère maman" ou "maman
Ventadour". Consciente de ses lacunes en matière d'éducation,
la duchesse s'en remet aux conseils avisés de madame de Maintenon, pédagogue
avertie qui n'est pas avare de conseils et qui, conformément aux dernières
volontés de Louis XIV, mort en septembre 1715, lui dispense aide et soutien
de bonne grâce, tout en restant dans l'ombre, par souci de discrétion.
Ses directives concernent d'ailleurs moins l'instruction que la santé
de l'enfant roi. Et, dans ce domaine, les deux amies sont d'accord : il faut
ménager le jeune Louis. Page MAJ ou créée le 2003 |