LES GRANDS VASSAUX TENTENT D'ENLEVER LOUIS IX

En mars 1227, la signature du traité de Vendôme a contraint Pierre Mauclerc, Hugues de Lusignan et tous les seigneurs qui sont entrés en rébellion contre Louis IX et la régente Blanche de Castille à plier devant l'autorité royale. Mais les grands vassaux ne se sont pas résignés à abandonner l'idée d'affirmer leur indépendance et leur puissance en profitant de la minorité du jeune roi. A la fin de l'année, ils vont tenter d'enlever le futur Saint Louis pour le soustraire à la tutelle de sa mère et de ses conseillers, et pour s'arroger le gouvernement.

Le traité de Vendôme, signé le 16 mars 1227, n'a pas mis un terme définitif à la rébellion des grands vassaux : les félons n'y voient qu'une simple trêve que leur a extorquée la régente Blanche de Castille. Avec à leur tête Pierre Mauclerc, duc de Bretagne, et Hugues de Lusignan, comte de la Marche, ils veulent à tout prix tirer parti de la minorité de Louis IX pour s'arroger pouvoir, terres et richesses. C'est pourquoi ils ont formé le dessein de prendre le jeune roi de treize ans en otage afin de gouverner en son nom et à travers lui.

La reine mère Blanche de Castille à qui la régence à été confiée jusqu'à la majorité de Louis IX, a su se montrer ferme et a fait face avec détermination à l'opposition des grands féodaux. Mais les rebelles considèrent que la régente "ne devait pas gouverner si grande chose que le royaume de France et qu'il n'appartenait pas à une femme de telle chose faire", souligne les Grandes Chroniques de France. Aussi ont-ils formé le criminel projet d'enlever le petit roi pour le soustraire à la tutelle de Blanche de Castille et de ses conseillers.
A la fin de l'année 1227, Louis s'est rendu avec sa mère à Vendôme pour négocier avec les barons de l'Ouest, dont la fidélité à la Couronne n'est pas assurée. Il est prévu que le cortège royal regagnera Paris en passant par la bonne ville d'Orléans. C'est l'occasion qu'attendent Pierre Mauclerc et Hugues de Lusignan. Ils battent le rappel des mécontents, qu'ils convoquent de toute urgence à Corbeil, où le roi, en chemin pour la capitale, ne manquera pas de faire étape. Mais leur rassemblement ne passe pas inaperçu. Louis IX en est informé alors qu'il vient de quitter Orléans. Il n'est pas encore trop tard, et il pourrait parer la menace en faisant demi-tour... Mais le jeune roi, qui a fêté ses treize ans le 25 avril précédent, n'entend pas se laisser intimider par ses vassaux, aussi puissants et fortement armés soient-ils. Néanmoins, jugeant son escorte trop faible, il se réfugie prudemment derrière les remparts de Montlhéry.

De nouveau, Blanche de Castille réagit en "Chef d'Etat" et avec une promptitude remarquable. Elle envoie aussitôt des messagers à Paris pour solliciter le secours des bourgeois et du bon peuple de la capitale, ainsi que celui des milices des communes voisines. Tandis que le tocsin sonne, les Parisiens se lèvent en masse et un incroyable flot humain déferle sur la route de Montlhéry.
Précédés par quelques chevaliers du domaine royal et les milices communales, hommes, femmes, enfants et vieillards prennent position de part et d'autre de la route de Paris à Montlhéry. Les plus jeunes, les plus âgés et les moins valides sont allés aussi loin qu'ils ont pu. Les autres se sont rassemblés aux portes de Montlhéry et de Corbeil. Tous implorent le Seigneur de laisser la vie sauve au petit roi. Acclamé par la foule, Louis IX peut sans crainte se mettre en route, protégé par ses sujets qui, tout au long du parcours, forment une infranchissable haie d'honneur. Par une froide et claire journée de décembre, il fait une entrée triomphale à Paris. Jamais il n'oubliera l'aide que lui a spontanément apportée le bon peuple de la capitale.
Devant l'irrésistible mouvement de cette multitude, les barons n'ont rien osé entreprendre et se sont retirés. Vaincus par la détermination de Blanche de Castille, le sang froid du jeune roi et l'intervention providentielle des Parisiens, ils n'ont cependant pas encore dit leur dernier mot.

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