LES CAPETIENS
LOUIS IX, SA VIE
La
mort du roi
LE DERNIER VOYAGE DE LOUIS IX
Mort devant les remparts de Carthage, le 25 août 1270, le très chrétien Louis IX ne peut être inhumé en terre étrangère et de surcroît possession des Infidèles musulmans. C'est au terme d'un long voyage, par la Sicile et l'Italie que sa dépouille sera confiée à l'abbaye de Saint Denis, où ses funérailles solennelles seront célébrées le 22 mai 1271.
Le 25 août 1270, devant les murs de Carthage, Louis IX a été emporté par la terrible épidémie de dysenterie qui a décimé l'armée franque.Sous sa tente, il repose, le visage si souriant et si serein que ses compagnons en éprouvent un profond sentiment de désarroi et d'étonnement. Mais que faire de la dépouille du roi très chrétien? Il ne peut être question de l'ensevelir à jamais si loin du royaume, de surcroît en terre infidèle. Faute de pouvoir recourir à l'embaumement, dont le secret semble avoir été perdu, le corps du souverain est dépecé, mis à bouillir dans du vin et de l'eau salée afin de séparer les chairs des os, qui seront distinctement apprêtés et conservés.
Le sort des restes du souverain défunt, devenus l'enjeu
de rivalités politiques, suscite de vives discussions. Charles d'Anjou suggère
que le corps de son frère soit enseveli en son royaume de Sicile, qui offre
l'avantage d'être relativement proche. Malgré les inconvénients et les difficultés
d'un long voyage, Philippe III le Hardi insiste pour qu'il soit rapatrié en
France. Finalement, ils s'accordent sur un compromis : les os et le coeur (jugés
les parties les plus nobles du corps humain) sont placés dans un coffret précieux
pour être rapportés à Saint Denis, tandis que les chairs seront inhumées dans
la cathédrale de Monreale, près de Palerme, la plus belle des églises siciliennes.
Philippe III envisage donc de faire rapatrier le corps de son père en même temps
que celui de son frère cadet, le comte Jean Tristan de Nevers, mort le 2 août.
Mais les croisés, simples soldats comme grands seigneurs, s'y opposent unanimement,
redoutant de ne plus être placés sous la protection du saint roi.
Le 11 novembre,
la flotte des croisés quitte la Tunisie pour la Sicile, où elle fait escale
avant de regagner la France en traversant l'Italie et les Alpes. Philippe III
a pris la tête d'une véritable marche funèbre. Non seulement il escorte les
cercueils de son père et de son frère Jean Tristan, mais également ceux de Pierre
de Villebéon, chapelain du défunt roi, de son beau-frère Thibaud, comte de Champagne
et roi de Navarre, mort le 4 décembre 1270 à Trapani, et de sa femme, la reine
Isabelle d'Aragon, qui, le 30 janvier 1271, a succombé des suites d'une chute
de cheval, enfin de celui de sa soeur, la reine Isabelle de navarre, morte en
avril.
Tout au long de la traversée du royaume capétien, de la vallée de
la Maurienne à Lyon, de Mâcon à Chalons, puis à Troyes, la foule se presse pour
rendre un dernier hommage à son roi défunt... Et en même temps, saluer son nouveau
souverain.
Le 21 mai 1271, Philippe III et les rescapés de la huitième
croisade font leur entrée à Paris, et le cercueil de Louis IX est exposé à la
cathédrale de Notre Dame. Le lendemain, les funérailles sont célébrées en grande
pompe à la basilique de Saint Denis.
Ces cérémonies sont troublées par un
incident, jugé scandaleux par le plupart des contemporains, prrovoqué par la
vive rivalité qui oppose le clergé séculier aux religieux de l'abbaye de Saint
Denis. Peu avant d'arriver à Saint Denis, le cortège funèbre est rejoint par
les moines qui, tenant un cierge à la main, lui emboîtent le pas. Mais devant
l'abbaye, il trouve porte close : "La cause fut que
l'archevêque de Sens et l'évêque de paris étaient revêtus de leurs ornements
épiscopaux pour recevoir le corps du saint roi, ce que les moines ne pouvaient
souffrir contre leurs franchises de juridiction. On s'arrêta; puis il fut commandé
à l'archevêque et à l'évêque qu'ils allassent se dévêtir et qu'ils ne fissent
nul empêchement à si haute besogne", rapporte le chroniqueur Guillaume
de Nangis. Une fois cette querelle de préséance réglée, le cortège peut gagner
la basilique, où un service solennel est célébré et où le roi est inhumé, près
de neuf mois après sa mort, sous une simple dalle de pierre.
Le retour en
France du défunt souverain a été marqué par bien des miracles : dès lors, Louis
IX est devenu Saint Louis, et l'on commence à oeuvrer pour sa canonisation.
"La France qui ne pouvait se consoler d'avoir perdu
sur la terre un tel monarque, le déclara son protecteur dans le Ciel, Louis,
placé au rang des saints devint pour la patrie une espèce de roi éternel",
constate au XIXème siècle l'écrivain François René de Chateaubriand, dans son
Itinéraire de Paris à Jérusalem.
Page MAJ ou créée le Vendredi 5 Mars 2004