LES CAPETIENS
LOUIS IX, SA VIE
LOUIS IX DEVIENT SAINT LOUIS
Le 4 août 1297, près de trente ans après sa mort devant Tunis, Louis IX est canonisé par le pape Boniface VIII. De son vivant, le roi était déjà considéré comme saint par les petites gens. La vertu et la charité du bâtisseur de la Sainte Chapelle et du fondateur de l'hôpital des Quinze-Vingts étaient reconnues de tous. La famille royale et les évêques de France souhaitent eux aussi ardemment la canonisation du roi. Pour des raisons plus politiques que religieuses. Il manque en effet à la dynastie des Capétiens un saint qui puisse servir de modèle tout en renforçant sa légitimité devant Dieu et les hommes. Avec Saint Louis, c'est chose faite.
Louis IX meurt le 25 août 1270 alors qu'il vient à peine de débarquer devant Tunis à la tête de la huitième croisade. La famille, les familiers et les ordres religieux (cisterciens, dominicains et franciscains) proches du roi déposent une demande en canonisation. Pour le peuple de France, ce n'est qu'une formalité. De son vivant, le roi est admiré pour sa vertu, son humilité et sa charité autant que pour sa bravoure et son sens de la justice. Il est déjà considéré comme un saint.
Dès 1270, le dominicain Geoffroy de
Beaulieu, confesseur du roi, a déjà commencé à constituer le dossier de la
canonisation de Louis IX. Il rédige un libelle de 52 chapitres relatant les hauts faits
de l'existence du roi. Guillaume de Chartres, chapelain du souverain, écrit de son côté
une Vie de Louis qui vient étoffer le dossier.
Depuis les funérailles de Louis IX, le 22 mai 1271 à la basilique de Saint Denis, de
nombreux miracles, qui ont aussi leur rôle à jouer en faveur d'une canonisation, se sont
produits. Le dossier a beau être complet et conforme, les démarches vont s'allonger
interminablement.
Rien moins que neuf papes successifs vont se pencher sur le cas du souverain capétien!
Grégoire X donne à Beaulieu un avis favorable, et même enthousiaste, mais un concile
appelle toute son attention. Malgré les interventions de Philippe III, fils de Louis IX,
et des évêques de Reims et de Sens, l'affaire traîne pendant des mois, des
années. En 1276, Grégoire X meurt. Trois papes se succèdent au cours des deux années
suivantes. En 1278, Nicolas III demande des informations supplémentaires sur les
miracles. Jean de Joinville, biographe et ami du roi, et Simon de Brie, son ancien
conseiller, s'exécutent et procèdent à la première enquête officielle et canonique. A
la mort de Nicolas III, en 1280, c'est le même Simon de Brie qui devient pape sous le nom
de Martin IV. Le procès redémarre à son initiative.
Mais, devenu pape, Simon de Brie a pris
du recul. Il réalise que le dossier a été bâclé. Voulant aller trop vite, ses auteurs
ont travaillé sans profondeur. Le souverain pontife demande une seconde enquête
canonique qu'il confie à trois prélats, l'archevêque de Rouen et les évêques d'Auxerre et
de Spolète. Entre mars 1282 et mai 1283, trente huit témoins (au nombre desquels on compte le
frère du roi, Charles d'Anjou, ainsi que ses fils Philippe III et Pierre d'Alençon)
déposent sur la vie de Louis IX. Trois cent trente autres témoins font état des
miracles attribués au roi, avant comme après sa mort. Tout est enfin prêt, revu,
corrigé et envoyé à Rome où l 'ensemble des dépositions est examiné par trois cardinaux.
Mais le procès n'est toujours pas fini à la mort de Martin IV, en 1285. Honorius IV a
juste le temps de vouloir réexaminer les miracles avant de mourir, en 1287.
Son successeur Nicolas IV, reprend le dossier mais meurt, sans avoir non plus terminé, en
1292. Après deux ans de vacance du trône pontifical, Célestin V est élu, mais
démissionne, en 1294. Boniface VIII lui succède cette même année. Il décide de hâter
les choses, espérant ainsi améliorer ses relations, pour le moins orageuses, avec
Philippe le Bel. Mais ce n'est que trois ans plus tard, le 4 août 1297, que paraît la bulle
de canonisation. Louis IX devient alors Saint Louis. Seule la qualification de martyr,
alors qu'il conduisait la huitième croisade n'a pas été retenue. Sa fête est fixée au 25
août, jour anniversaire de sa mort. Le 25 août 1298, une cérémonie solennelle se
déroule à Saint Denis en présence de Philippe le Bel et d'une foule immense et
recueillie.
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