LES CAPETIENS
LOUIS IX, SA VIE
Marguerite
de Provence
UN MARIAGE ORCHESTRE PAR BLANCHE DE CASTILLE
Régente du royaume de France, Blanche de Castille a décidé qu'il est temps de marier son fils. Louis IX va sur ses vingt ans et, aussi pieux soit-il, doit sérieusement songer à perpétrer la dynastie capétienne. Avec l'autorité qui lui est habituelle, la reine-mère prend les choses en main. Elle va porter son dévolu sur la douce et vertueuse Marguerite de Provence, l'aînée des filles du comte Raimond Berenger V.
Régente du royaume de France, Blanche de Castille décide de toutes choses. Depuis qu'il a succédé à son père, Louis IX lui a obéi, et aujourd'hui qu'il va sur ses vingt ans, il continue à faire de même... Si, depuis près de huit ans, elle tient les rênes du pouvoir, la reine mère a conscience du fait que son fils est désormais un homme. Et, surtout, un souverain qui ne doit pas tarder à procréer s'il veut perpétuer la dynastie capétienne. L'autoritaire Blanche de Castille cherche donc une princesse qui puisse satisfaire tant son fils que les intérêts du royaume. Elle a jeté son dévolu sur Marguerite, la fille aînée de Raimond Berenger V, le comte de Provence.
Certes, la régente a maté les grands vassaux
indociles. Mais le Languedoc est toujours en proie à la révolte
des cathares et du comte Raimond de Toulouse, qui refuse de se soumettre à
l'autorité de la Couronne. Puissant voisin de ces rebelles, le comte
de Provence est un politique prudent et un administrateur habile. Depuis le
début de la croisade contre les Albigeois, il a su éviter que
ses sujets adhèrent en nombre au catharisme et préserver ses terres
des dévastations des "barons du Nord". En outre, la Provence
étant territoire d'Empire, Raimond Beranger, bien que soumis en principe
à l'autorité de l'Empereur Frédéric II, gouverne
seul. Enfin, il est l'époux de Béatrice de Savoie, issue d'une
Maison voisine tant de l'Empire que du royaume capétien. En mariant son
fils à l'une des filles du comte de Provence, Blanche de Castille scellerait
une alliance qui la garantirait de ses ennemis de l'intérieur comme de
ceux de l'extérieur. Raimond Berenger et Béatrice de Provence
ont quatre filles, ce qui ne lui laisse que l'embarras du choix.
Fermement décidée à prendre une Provençale pour
belle-fille, la régente envoie Gilles de Flagy en ambassade dans le Midi.
Celui-ci n'a guère besoin de tâter le terrain : le comte de Provence
a déjà compris qu'une de ses filles est appelée à
être reine de France. C'est Béatrice, sa cadette et sa préférée,
celle qu'il favorisera toujours, que Raimond Berenger aumerait voir épouser
Louis IX. Mais, Blanche de Castille, elle, a porté son choix sur l'aînée,
Marguerite, qui l'a séduite par sa réputation de douceur, d'obéissance,
de vertu et de piété. Sans compter (ce que la régente ne
perd pas de vue) que, bientôt âgée de treize ans, la jeune fille
pourra être mère plus tôt...
Le comte de Provence s'incline sans regimber
devant la décision de Blanche de Castille. Reste à régler
la question, plus épineuse, de la dot. Car Raimond Berenger est de notoriété
publique aussi pingre que désargenté. Il accorde à Marguerite
une dot d'un montant de 8 000 marcs d'argent. La somme ne sera jamais versée,
mais Blanche de Castille ne prendre même pas la peine de demander le règlement
de la dette. Prudente, elle a pris la précaution de prévoir au
contrat de mariage une clause garantissant que si le montant de la dot ne peut
être versée dans les délais, elle se verra remettre à
la place le château de Tarascon. Et, en ces temps troublés, une
forteresse vaut largement espèces sonnantes et trébuchantes!
Mais, pour que Louis IX puisse épouser Marguerite, encore faut-il que
le pape accorde une dispense, car Provence et Castille sont déjà
apparentés. La reine mère s'empresse d'en faire la demande à
Grégoire IX. Pendant ce temps, sitôt après la conclusion
définitive de l'accord de mariage, signé à Arles au début
de l'année 1234, les négociateurs de la régente, Jean de
Nesle et Gautier Cornu, l'archevêque de Sens, s'en vont chercher la future
mariée. Celle-ci sera chaporonnée par son oncle Guillaume, l'évêque
de Valence, jusqu'à son arrivée à Sens, où les noces
doivent être célébrées le 27 mai.
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