LES CAPETIENS
LOUIS IX, SA VIE

 

LES " ENSEIGNEMENTS " DE LOUIS IX

Roi instruit et toujours soucieux de compléter ses connaissances, Louis IX aime aussi transmettre son savoir. Il composera lui même des "Enseignements" à l'intention de son fils aîné, le futur Philippe III le Hardi , et de sa fille Isabelle. Pour le premier, sur le ton du conseil, le roi multipliera les bons préceptes en matière de gouvernement; mais signe des temps, pour la seconde, il n'en proposera, sur le mode impératif, qu'une version très simplifiée.

"Roi illettré, âne couronné", affirme un proverbe du XIème siècle. Un triste sort auquel a échappé Louis IX. Sa mère, Blanche de Castille, a veillé à lui faire donner une instruction solide et, par tempérament, il aime à nourrir son savoir. Il se plaît à visiter les écoles des moines mendiants, possède une Bible glosée. A son retour de la septième croisade, il a même souhaité, raconte son confesseur, le dominicain Geoffroy de Beaulieu, "imiter le sultan des Sarrasins qui possédait dans son palais tous les genres d'ouvrages nécessaires aux philosophes de sa religion". Il a fait rassembler dans sa chapelle des manuscrits de Saint Augustin, de Saint Ambroise, de Saint Jérôme, de Saint Grégoire et "d'autres docteurs orthodoxes".
En bonne logique, le souverain souhaite que ses enfants puissent également acquérir une solide culture religieuse et morale. Et il n'hésite pas à payer de sa personne.

"Avant qu'il se couchât en son lit, il faisait venir ses enfants devant lui et leur rapportait les faits des bons rois et des bons empereurs, et leur disait qu'ils devaient prendre exemple sur de telles gens", relate le sénéchal de Champagne Jean de Joinville dans son Histoire de Saint Louis. Il leur raconte aussi comment de mauvais princes, par leur luxure, leurs rapines et leur avarice, ont perdu le royaume.
Est-ce à la fréquentation des frères prêcheurs que Louis IX doit cette propension à l'enseignement? Le fait est qu'il se plaît à instruire ses enfants et satisfait pleinement cette passion en dictant ou, peut être, en rédigeant lui même à la fin de sa vie, en 1267-1268, des Enseignements destinés à son fils aîné, le futur Philippe III le Hardi, et d'autres à l'intention de sa fille Isabelle.
S'il se plaît à instruire ses enfants, le roi tient également à leur manifester son affection. "A son cher fils aîné Philippe, salut et amitié de père", telle est sa dédicace. Ce sentiment s'exprime encore plus vivement à l'égard de sa fille : "A sa chère et bien aimée fille Isabelle, reine de Navarre, salut et amitié de père. Chère fille, parce que je crois que vous retiendrez plus volontiers de moi, parce que vous m'aimez, que vous ne feriez de plusieurs autres, j'ai pensé que je vous ferais quelques enseignements écrits de la main".
Mais si Louis IX confond ses enfants en une même affection, il n'envisage pas de leur transmettre les mêmes enseignements. Philippe est appelé à devenir roi et l'épître qui lui est adressée se décline en deux parties : l'une s'adresse à l'individu, l'autre au futur souverain.

Le pieux roi recommande à son fils la foi, le patience, la fréquente confession, la piété à l'Eglise, la compagnie des bonnes gens, l'écoute des sermons, le refus des mauvaises paroles, la charité envers les pauvres, les malades et "ceux qui pour l'amour de Notre Seigneur se sont mis en état de pauvreté". Il lui demande d'être digne de l'onction du sacre, réprimer les péchés de bouche, de corps et de jeux d'argent, de chasser les hérétiques, d'être économe. Il l'incite à suivre les préceptes qu'il s'est lui même efforcé de mettre en pratique en matière de paix : "Je t'enseigne que tu te défendes, autant que tu pourras, d'avoir une guerre avec nul chrétien (...). Je t'enseigne que les guerres et les luttes qui seront en ta terre ou entre tes hommes, tu t'efforces autant que tu pourras de les apaiser, car c'est une chose qui plaît à Notre Seigneur".
Le roi ne manque pas d'exhorter Philippe à soigner son administration : "Cher fils, prend garde diligemment qu'il y ait de bons baillis et bons prévôts en ta terre, et fais souvent prendre garde qu'ils fassent ien justice et qu'ils ne fassent à autrui tort ni chose qu'ils ne doivent". Louis IX tente, bien sûr, de faire passer son obsession de la justice. Que le roi soit en cause : "Si tu apprends que tu possèdes quelque chose à tort (...) rends là tout de suite, quelque grande que soit cette chose, terre, deniers ou autre bien". Ou qu'il s'agisse de rendre justice à ses sujets : "Soutiens de préférence le pauvre contre le riche jusqu'à ce que tu saches la vérité, et quand tu la connaîtras, fais justice". Est ce le signe de l'influence des frères mendiants? Ces Enseignements sont dispensés sur le mode de la simplicité. Et en français, à une époque, toute provisoire, où cette langue est devenue à la mode et quasi universelle.

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