LOUIS XIV FAIT LA PAIX A UTRECHT (11
avril 1713) Signé le 11 avril
1713 par la France et l'Espagne d'une part, l'Angleterre, la Hollande, le
Portugal, la Savoie et la Prusse d'autre part, le traité d'Utrecht met fin à
la Guerre de Succession d'Espagne. La France cède à l'Angleterre les
territoires de la baie d'Hudson, Terre Neuve et l'Acadie, mais ses frontières
restent intactes. Toutefois, pour que les hostilités cessent définitivement,
il lui restera à faire la paix avec l'Empereur, l'année suivante.
En 1713, les
victoires militaires françaises succèdent enfin aux revers, augurant de futurs
succès diplomatiques. Début août, le prince Eugène de Savoie, commandant les
forces impériales, doit lever le siège d'Andrecies. A Versailles, Louis XIV,
tiré de son lit par le porteur de cette heureuse nouvelle, ordonne qu'on lance
immédiatement la contre-offensive. "Le roi envoya
ordre en même temps de faire le siège de Douai", précise Saint
Simon dans ses Mémoires. Le comte Albergotti mènera cette entreprise à
bien en s'emparant de la ville le 10 septembre.
Les troupes impériales, réduites en nombre et en puissance, n'impressionnent
plus guère ni les Français ni Louis XIV, ragaillardi par ses récents succès.
Le Roi Soleil ne compte pas en rester là et envoie le lieutenant général Jean
François Ravend, marquis de Saint Frémond, prendre d'assaut Le Quesnoy. La
place ayant été prise par le prince Eugène, le 20 juin de l'année
précédente, cette opération est symbolique du nouvel équilibre des forces en
présence. Le 10 septembre, Saint Frémond est maître du terrain, tandis que "le
prince Eugène se tenait toujours près de Mons, avec une armée hors d'état de
rien faire". Les coalisés sont en mauvaise posture. "Le
duc de Wurtemberg, général de l'armée de l'Empereur sur le Rhin, avait eu
ordre d'attaquer nos lignes de Wissembourg. Il s'en approcha, les canonnna deux
jours durant sans y faire aucun mal, y perdit assez de monde, et se retira;
après quoi on brûla leurs batteries. Ce fut tout l'exploit qu'il y eut de part
et d'autre en Allemagne", fait remarquer Saint Simon.
Signe que la paix
est imminente, les adversaires échangent leurs prisonniers de guerre : le
marquis de Villena, capitaine général de Philippe V d'Espagne, contre le comte
Jacques Stanhope, lieutenant général des coalisés; Antoine Del Giudice,
prince de Cellamare, contre Lord George Carpenter. La libération de ce dernier
vient en conclusion d'un armistice général signé avec l'Angleterre.
Mais un obstacle à la paix demeure : la possibilité que les trônes de France
et d'Espagne échoient à un seul et même monarque. "On
fut longtemps à battre l'eau, rapporte Saint Simon. La
France à dire qu'un traité, des renonciations, une déclaration du roi
expresse et confirmative, enregistrée au Parlement, suffisaient".
De son côté, l'Angleterre, échaudée par l'acceptation du testament de
Charles II, qui a élevé Philippe V sur le trône d'Espagne en 1701, demande
plus de garanties. Aussi le duc Adrien Maurice de Noailles se voit-il confier la
rédaction d'un "mémoire qui embrassât toute la
matière, et qui expliquât toute la forme par preuves et par raison de
consolider les renonciations au gré des Anglais d'une manière ferme, stable et
légale".
A Utrecht, Louis XIV
est représenté par le cardinal Melchior de Polignac, amabassadeur de France,
Nicolas de Laye Du Blé, maréchal d'Uxelles et commandant en chef en Alsace, et
le plénipotentiaire Nicolas Mesnager. La paix ne demande qu'à être signée.
Le Parlement français n'a plus qu'à entériner la renonciation des Bourbons de
France à la couronne d'Espagne. C'est chose faite le mercredi 15 mars devant
l'assemblée des Pairs. Ce n'est plus dès lors qu'une question de jours pour
que les hostilités prennent fin. Le 14 avril, la nouvelle parvient à
Versailles. La paix d'Utrecht a été signée dans la nuit du lundi 10 au mardi
11 avril 1713.
Louis XIV accepte plusieurs concessions à l'égard de l'Angleterre. Il
reconnaît la succession hanovrienne, protestante, au trône d'Angleterre et
s'engage à ne plus soutenir la cause des Stuart. Il fait détruire la place
forte de Dunkerque, cède les territoires de la baie d'Hudson, Terre Neuve et
l'Acadie, clefs du Canada, et renonce au monopole de l'introduction des esclaves
noirs en Amérique. Mais les frontières du royaume sont pratiquement intactes.
L'Empereur, lui, ne fait pas partie des signataires. Il ne fera la paix avec la
France que le 7 mars 1714, par le traité de Rastatt.
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