LES TRAITES DE RASTATT ET DE BADEN METTENT UN POINT
FINAL A LA GUERRE DE SUCCESSION D'ESPAGNE (7
mars - 7 septembre 1714)
La Guerre de Succession
d'Espagne touche à sa fin. La France est épuisée mais soulagée d'avoir
trouvé un terrain d'entente avec l'Angleterre, la Hollande, le Portugal, la
Savoie et la Prusse. Toutefois, l'Empereur Charles VI a refusé de signer le
traité d'Utrecht. Il reste menaçant, et Louis XIV doit déployer ce qui lui
reste de forces pour le mener à la paix. Ce sera chose faite avec le traité de
Rastatt, signé le 7 mars 1714 et confirmé par celui de Baden le 7 septembre
suivant.
Alors que la paix a
été signée à Utrecht le 11 avril 1713, les plénipotentiaires français sont
accueillis en héros. Nicolas de Laye Du Blé, maréchal d'Uxelles, à qui Louis
XIV doit d'avoir pu conserver Strasbourg, est confirmé au rang de gouverneur de
l'Alsace. Quant à Nicolas Mesnager, il a été "très
bien pour les choses du commerce, qui étaient peu connues des deux autres, et
dont il était particulièrement chargé", souligne Saint Simon dans
ses Mémoires. Le Roi Soleil, qui sait se montrer généreux avec ceux
qui le servent, lui offre en récompense une pension de dix mille livres.
Mais tout n'est pas rose pour Louis XIV. Si la paix est signée avec
l'Angleterre, la Hollande, le Portugal, la Savoie et la Prusse, l'empereur
Charles VI a refusé de reconnaître la victoire de la France et de signer le
traité d'Utrecht. La nouvelle campagne militaire, que doit mener le maréchal
de Villars, semble inévitable. "L'opiniâtreté de
l'Empereur fait porter toutes nos forces sur le Rhin et sur la Moselle".
Le maréchal de Villars est chargé par le roi de se rendre sur le Rhin. Le
maréchal de France Henri d'Arcourt, victime d'une attaque d'apoplexie, est
remplacé sur la Moselle par Jacques Bazin, maréchal de Bezons. Louis XIV,
conforté dans sa décision par la paix récemment signée, ne ménage pas ses
efforts de guerre et donne cent mille francs à Villars "pour
refaire son équipage". Les deux maréchaux gagnent leurs positions
à la fin du mois de mai 1713. Le 24 juin, ils mettent le siège devant Landau.
Simultanément, le comte Arthur Dillon, maréchal de camp irlandais, s'attaque
à Kaiserslautern. Il y remporte un franc succès et fait six cent
trente sept prisonniers
impériaux, dont trente sept officiers. Le 20 août, le prince Charles Alexandre de
Wurtemberg, gouverneur de Belgrade, capitule à Landau et se rend avec sa
garnison. Afin de récompenser Villars pour cette brillante victoire, le roi le
fait chevalier de la Toison d'Or. Après quoi le maréchal prend "fort
aisément les retranchements que les ennemis avaient fait près de Fribourg et
il investit cette place" fin septembre. Le 14 octobre, à cinq heures
de l'après-midi, il lance ses troupes à l'assaut de la contrescarpe de
Fribourg. Le combat est d'une apreté telle que vingt cinq capitaines de grenadiers sont
tués. Le 15, Villars se prépare à attaquer la ville. Mais il aperçoit
soudain deux drapeaux blancs qui flottent au-dessus des remparts. Le baron
Ferdinand Amédée d'Harsch, lieutenant des armées impériales, vient
d'abandonner la cité et s'est réfugié dans le château. Le 21 novembre, à
Marly, Louis XIV apprend la capitulation du château et des forts de Fribourg.
Mais il ignore encore que des propositions de paix ont été faites pendant les
dernières heures du siège.
Louis XIV ordonne à
Villars d'aller négocier avec le prince Eugène de Savoie. Le 27 novembre, le
maréchal quitte Strasbourg pour Rastatt. Prêté par Françoise de Saxe
Lauenbourg, le château de Rastatt, proche de Philippsbourg, est "bâti
en petit sur le modèle de Versailles". Les conférences qui y sont
engagées prennent fin le mardi 6 mars 1714 au matin par la signature de la
paix. Villars et le prince Eugène conviennent de se retouver "à
Baden, en Suisse, promptement après l'échange des ratifications, pour y
ajuster plusieurs détails et quelques intérêts de princes de l'Empire, qui
n'avaient pas paru assez importants pour arrêter la paix". Le
lendemain, 7 mars, le traité de Rastatt est entériné par la Diète de
l'Empire.
Le 7 septembre, le traité de Baden confirme les accords de Rastatt. L'empereur
Charles VI accepte la souveraineté du duc de Savoie sur la Sicile et laisse
Strasbourg à la France. En retour, il reçoit Milan, Naples et la Sardaigne.
Les traités d'Utrecht, de Rastatt et de Baden instaurent un nouvel équilibre
européen dont l'Angleterre est l'arbitre. Le Roi Soleil songe alors à mener
une nouvelle politique étrangère. Il prône le rapprochement de la France avec
l'Espagne et l'Empire dans une commune hostilité aux puissances maritimes,
principalement l'Angleterre. Mais la mort l'empêchera de mener à bien ce
projet.
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