LES CAPETIENS
PHILIPPE IV LE BEL, CHEF D'ETAT

 

LA PAIX D'ATHIS : LA FLANDRE SOUMISE A PHILIPPE LE BEL
(23 juin 1305)

La Saint Jean de 1305 est bien triste pour les Flamands. Abasourdis, ils découvrent ce jour le châtiment que Philippe le Bel leur a réservé pour avoir massacré quelque temps plus tôt l'élite de la chevalerie française et osé braver son autorité de suzerain. Pour la Flandre, qui cherche à s'émanciper de la tutelle française depuis plus de dix ans, le traité d'Athis n'est rien autre qu'une "paix de misère", un véritable diktat.

En 1296, le comte Guy de Dampierre noue alliance avec Edouard 1er d'Angleterre. Le conflit s'envenime et les Français occupent le comté en 1300. Ils en sont chassés au printemps 1302 par la révolte des Brugeois. Le 11 juillet, c'est le sévère échec de la bataille des "Eperons d'or", à Courtrai. L'événement a un retentissement considérable. Philippe le Bel ne peut laisser cet affront impuni et organise la riposte. En août 1304, la flotte du Capétien envoie par le fond l'escadre flamande. Le blocus qui est alors mis en place isole complètement les Flamands. Le 18 août, sous une chaleur accablante, c'est Philippe le Bel en personne qui lance l'assaut à Mons en Pévèle. Au cri de "Montjoie", les chevaliers français enfoncent les défenses flamandes et s'ouvrent à la hache le chemin de la victoire. Philippe le Bel tient enfin sa revanche.

Après la cuisante défaite de Mons en Pélève, les Flamands s'inquiètent à juste titre de la colère du roi de France. Aux premiers jours des pourparlers de paix, Philippe le Bel se montre plutôt magnanime. Son intention n'est pas de confisquer le comté de Flandre mais d'y rétablir son absolue autorité de suzerain. Pourtant, lorsque tombe le masque de l'indulgence, la punition est à la hauteur de l'humiliation subie à la bataille de Courtrai. Le traité d'Athis est finalement scellé en décembre 1305. La Flandre récupère les villes de Lille, Douai et Orchies qui avaient été confisquées par le roi. Mais le comté doit les "racheter" en payant une indemnité de 400 000 livres. Une somme considérable à laquelle il faut ajouter les frais d'entretien pour une année d'une troupe d'occupation de 500 hommes. Afin de prévenir toute révolte, avant même la signature du traité, Philippe le Bel charge deux envoyés de faire prêter serment aux bourgeois flamands le serment qu'ils respecteront les conditions du traité. D'autre part, les enceintes fortifiées des grandes cités devront être rasées.
Reste à régler le cas du comte de Flandre. Guy de Dampierre, prisonnier à Compiègne, est mort en mars 1305. Son fils et successeur, Robert de Béthune, est condamné à verser 20 000 livres. La sanction est assortie d'une menace d'excommunication, au cas où il se défausserait de ses engagements. Si la paix rend ses comtes à la Flandre, elle permet surtout à Philippe le Bel d'en annexer toute la partie gallicane avec les villes de Lille, Douai et Béthune. Toutes ces mesures soulèvent une vive indignation parmi les Flamands qui qualifient le traité d'Athis de "traité d'iniquité".

Philippe le Bel réserve un châtiment tout particulier aux Brugeois qui, en 1302, ont massacré la garnison française. Les bourgeois ont finalement accepté l'énorme indemnité financière, sachant, qu'après tout, son poids pèserait surtout sur le petit peuple. Mais ils sont loin d'imaginer la punition que leur réserve Philippe le Bel en guise d'expiation. Le roi exige que 3 000 Brugeois, soit un dixième de la population de la cité, effectuent un pèlerinage de repentir. Mille d'entre eux devront se rendre en Terre Sainte. C'est tout simplement condamner la ville à la ruine économique.
Cependant, le traité d'Athis apparaît bien vite impossible à mettre en application. L'agitation gagne nombre de villes flamandes. Prudemment, Philippe le Bel repousse alors la ratification, qui aura lieu à Poitiers en mai 1307. Entre temps, Bruges obtient de racheter les 3 000 pèlerinages contre une amende de 300 000 livres. Mais dès la fin de l'année, des négociations doivent reprendre car l'argent flamand ne rentre pas. Philippe le Bel accepte une fois de plus d'adoucir le châtiment. Mais il garde un grief particulier à l'encontre de Bruges et exige toujours la destruction de ses remparts. Les Brugeois n'ont-ils pas, lors des "mâtines" de 1302, donné le signal de la rébellion contre son autorité? Telle est l'opinion des autres cités flamandes, trop heureuses d'accepter le nouveau traité de Paris de 1309, qui les épargne alors que la colère de Philippe le Bel se focalise désormais contre les seuls Brugeois.

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