LES CAPETIENS
PHILIPPE IV LE BEL, CHEF D'ETAT
Le problème de la Flandre

 

LE TRAITE DE PARIS
(Avril 1309)

En juin 1305, le traité d'Athis sur Orge a mis fin à la guerre de Flandre. Mais les clauses financières exorbitantes imposées par cette "paix de misère" suscitent une vive agitation. Philippe le Bel juge prudent de transiger et ouvre des négociations, qui, en avril 1309, aboutiront au traité révisé de Paris.

Au lendemain de la publication du traité d'Athis sur Orge, le 23 juin 1305, il reste encore à obtenir l'accord des principaux intéressés, la "menue gent", c'est-à-dire la population et en particulier les artisans des villes de Flandre. "Quand les conventions de l'an V furent connues des communes, ceux qui les avaient consenties et les nobles devinrent odieux; on crut qu'ils allaient être massacrés, et ils l'auraient été, en effet, si l'on avait voulu exécuter aussitôt le traité à la lettre", rapportent les Annales de Gand. Les villes refusent de ratifier le traité, qui leur apparaît comme une entente, destinée à abaisser la puissance des "métiers", conclue entre le roi et le comte de Flandre Robert de Béthune qui est accusé de trahison. Le traité d'Athis est ratifié en mai 1307 en présence du pape Clément V. Le 5 juin, à Loches, Robert de Béthune renouvelle l'hommage à son suzerain Philippe le Bel. Toutes les communes flamandes entérinent le traité, même Bruges, qui a réussi à obtenir la conversion des 3 000 pélerinages en une amende de 300 000 livres. La paix semble officiellement être scellée : pourtant, les Flamands ne sont pas soumis.

Deux ans après la signature de l'accord, on achoppe sur les clauses financières exorbitantes : rien des sommes exigées n'a encore été payé aux Français! Les impôts nouveaux, fort lourds et impopulaires, rentrent mal. Les leliaerts (les "gens des lys", inféodés au Capétien) en ont été exemptés par le roi, mais le comte de Flandre les oblige à s'en acquitter. Une sorte de "grande peur" s'empare des esprits, exacerbée par les prémices d'une crise économique due au caractère obsolète de la draperie traditionnelle. La violence perturbe de plus en plus la vie des campagnes. Inquiets, le roi et le comte réalisent que les métiers risquent de retrouver leur puissance alors que le peuple est poussé au désespoir. Ils décident donc, à la fin de l'année 1307, de rouvrir les négociations. Dans l'esprit du chambellan Enguerrand de Marigny, chargé des affaires de Flandre, l'important est moins de faire payer le comté que d'obtenir l'obéissance de tous à Philippe le Bel.
A la suite des premiers pourparlers, en janvier 1308, la rente de 20 000 livres est rachetée pour moitié. La discussion reprend en octobre avec la venue des procurateurs des villes flamandes, qui refusent que les enceintes urbaines soient démolies, s'insurgent contre le paiement des indemnités et exigent que les leliaerts soient jugés devant des tribunaux flamands. Outré, Philippe le Bel renvoie ses interlocuteurs, à qui même Robert de Béthune donne tort.

Cet échec suscite l'indignation des Brugeois : lorsqu'une nouvelle conférence s'ouvre à Paris en avril 1309, ils refusent d'y participer. Un isolement dangereux, car les autres villes, encouragées par le comte, jouent la conciliation : elles ne sont pas fâchées de se tirer d'affaire, d'autant que, notamment Ypres, elles sont en rivalité commerciale avec Bruges. Philippe le Bel renonce à ce que les enceintes de toutes les villes présentes soient rasées, une concession fort appréciée. Sous la pression de Robert de Béthune, les procurateurs acceptent d'avance l'excommunication en cas de violation de l'accord. De mai à juillet 1309, tous les bourgeois du comté prêtent serment de respecter le pacte révisé.
Se retrouvant seuls, les Brugeois se ravisent. Les bourgmestres et notables de la ville sont envoyés à Paris et, le 4 juillet, jurent la paix à leur tour. Ils sont soumis eux aussi aux nouvelles clauses du traité de Paris, sauf en ce qui concerne les enceintes, qui devront être mises à bas.
Les évêques de Thérouanne et de Tournai publient les excommunications de fait de tout éventuel rebelle au traité. Après qu'il a reçu la visite du comte de Flandre et d'une députation des villes, qui ont confirmé devant lui le traité de Paris, le pape, par une bulle datée du 13 juin 1310, se porte garant de la soumission à Philippe le Bel de ses remuants sujets. Le roi de France a vraiment pris toutes les assurances pour obtenir la paix en soumettant les Flamands à son obéissance! Pour preuve de sa confiance en Robert de Béthune, il lui confie la garde du château de Cassel, un de ceux qui garantissent l'exécution des clauses financières. Mais l'entente scellée par le traité révisé de Paris n'en reste pas moins infiniment fragile.

Le plus de la fiche

Page MAJ ou créée le

© cliannaz@free.fr