LES CAPETIENS
PHILIPPE IV
LE BEL, CHEF D'ETAT
La confrontation
avec le pape Boniface VIII
L'ARRESTATION DU PAPE BONIFACE VIII
Après qu'une assemblée réunie au Louvre a décidé de déposer et de faire juger le pape Boniface VIII, Guillaume de Nogaret se rend en Italie pour signifier au souverain pontife la volonté de Philippe le Bel. Le légiste, pris par le temps, doit accomplir sa mission avant le 8 septembre, date à laquelle la bulle d'excommunication du roi de France prendra effet. C'est dans la petite ville d'Anagni que se déroule la scène finale du drame, au beau milieu d'une insurrection menée par les frères Colonna, deux cardinaux que le pape a spoliés de leurs biens. Au final, le pontife déchu se laissera mourir, vaincu par Philippe le Bel, habile politique qui sait s'entourer de conseillers compétents.
Quelques heures avant l'aube, la troupe entre dans la ville au cri de "Vive les Colonna"!" et de "Vive le roi de France!". Lorsque les cloches se mettent à sonner, les habitants sortent de leur maison. Sans crainte ni panique, on s'interroge, on commente l'événement. Au beau milieu de la mêlée qui grimpe vers la ville haute où sont situés la cathédrale et le palais pontifical, Nogaret n'a qu'une idée en tête : s'acquitter de toute urgence de sa mission. Quant à Sciarra Colonna, il veut occuper le palais pontifical, s'assurer de la personne du pape et l'obliger à abdiquer. Boniface VIII, derrière les lourdes portes de son palais, attend. Le souverain pontife n'est pas vraiment inquiet. Pour lui, ce tumulte, est une provocation des Colonna venus exiger réparations financière et morale des torts faits à leur famille. A un moment, ses pensées ne vont pas vers Philippe le Bel. D'autant que Nogaret ne prend part à ces échauffourées.
Sans inquiétude pour son trône mais
persuadé que sa fortune est en jeu, Boniface espère que la révolte n'est qu'un feu de
paille et demande une trêve. Qu'on lui accorde jusque dans l'après-midi. Vers trois heures,
les choses n'ont pas évolué, le pape refuse de céder. La soldatesque des Colonna monte
alors à l'assaut, s'empare sans coup férir de la cathédrale, puis du palais du comte de
Caserte, le neveu de Boniface. Après cette longue journée d'attente, le palais
pontifical tombe à son tour.
Pour affronter les insurgés, Boniface n'a plus à ses côtés que deux cardinaux, dont
Boccasini qui va lui succéder quelques semaines plus tard. Le reste de son entourage a
fui sans demander son reste. Affectant une mine sereine, le souverain pontife est dans son
lit, calé par des oreillers, un reliquaire de la Vraie Croix à la main. Il se dit prêt
au martyr et sa dignité force le respect de ses adversaires, ce qui lui sauve sans doute
la vie.
Lorsqu'il apprend que le palais pontifical est tombé, Nogaret se précipite. Alors que la
troupe se livre au pillage de l'appartement, il entre dans la chambre du pape, comme
Sciarra Colonna parle d'exécuter Boniface.
Nogaret tente de ramener le calme et
d'apaiser les esprits. Puis, soudain, il se tourne vers le pape auquel il s'adresse sans
faire plus de cas du tumulte et du brouhaha qui règnent dans la pièce. Il délivre son
message : l'Eglise jugera de ses crimes puis fera exécuter la sentence. Si Nogaret sauve
ainsi le pape d'une mort immédiate, il le voue cependant, à plus long terme, au bourreau
auquel un jugement ne manquera pas de le livrer.
Sa mission accomplie, Nogaret n'est plus concerné par la suite des événements, il n'est
pas de son ressort de faire arrêter le pape. On place des gardes devant la porte de la
chambre de Boniface qui reste seul pour la nuit.
Des tentatives de pillages ayant été interrompues à temps, les habitants d'Anagni
deviennent méfiants. Le lendemain, ils décident de bouter tous ces étrangers, qu'ils
soient des Colonna ou du roi de France. En quelques heures, leur parfaite connaissance du
terrain leur permet d'exécuter la manoeuvre promptement. Pendant que la bannière
fleurdelisée est mise en lambeaux, Nogaret juge prudent de disparaître.
La mise en échec de Boniface VIII, homme aussi énergique qu'intransigeant, sonne le glas
des velléités de suprématie de la papauté face à la montée des pouvoirs nationaux.
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