LES CAPETIENS
PHILIPPE IV
LE BEL, CHEF D'ETAT
Le problème
de la Flandre
LES CONFERENCES DE TOURNAI
(Septembre - Octobre 1311)
Malgré le traité d'Athis sur Orge de juin 1305, révisé à Paris en avril 1309, la paix entre Philippe le Bel et les Flamands reste en suspens. Lors des conférences de Tournai, en septembre puis en octobre 1311, l'intraitable chambellan Enguerrand de Marigny va hausser le ton.
Malgré le traité d'Athis sur Orge de juin 1305, confirmé par celui de Paris en avril 1309, le conflit qui oppose la Flandre à Philippe le Bel n'est toujours pas réglé. Les Flamands sont soumis à des clauses financières bien trop lourdes, et la levée de l'indemnité de guerre, appelée "taille du roi", se fait difficilement. Philippe le Bel accuse le comte de Flandre Robert de Béthune de retenir l'argent à son profit. Ou peut-être est-il en partie détourné par les percepteurs lombards? En fait, ceux-ci doivent faire face à des contribuables qui font tout ce qu'ils peuvent pour ne pas payer. Dans les villes, le patriciat fidèle au roi cherche à répartir la taille de telle façon que les gens de métiers, les artisans, en paient la plus grande part; ce qui ne l'empêche pas de se dire persécuté et d'en appeler à la justice de Philippe le Bel pour se mettre sous sa protection. Si bien que les interventions du Capétien se font de plus en plus fréquentes et que la rupture entre le roi suzerain et son vassal semble de nouveau inévitable.
Cependant, nul ne désire la guerre. Robert de Béthune
charge son fils Louis de Nevers de le représenter lors des négociations oficieuses
qui s'ouvrent au cours de l'été 1311. Nevers refuse la proposition du chambellan
Enguerrand de Marigny : l'abdication de son père en sa faveur, puis la remise
du comté de Flandre à Philippe le Bel en échange de l'augmentation de son comté
de Nevers, de 100 000 livres et du titre de pair de France. La rupture est manifeste
lors de la première conférence réunie à Tournai au mois de septembre, en présence
de Robert de Béthune, de ses fils et des représentants des Flamands, et du côté
français, de Charles de Valois, frère du roi, et d'Enguerrand de Marigny, chargé
de régler le problème de la paix entre la France et la Flandre.
Dès le début,
des mots amers sont échangés. Louis de Nevers accuse le roi d'être partial et
de favoriser le comte de Hainaut, qui a été l'allié du Capétien contre la Flandre.
Lorsqu'on en vient au traité de Paris, Robert de Béthune proteste contre l'intransigeance
de Philippe le Bel. Marigny souligne l'ingratitude des Flamands envers le roi,
qui ne fut que "bonté" et "miséricorde"
lors de la signature de l'accord d'Athis sur Orge : "Il
n'a pas eu la convoitise de retenir la Flandre à son domaine, ce qu'eussent
fait peu de riches hommes". Les Flamands promettent encore d'observer
la paix, "quoiqu'elle leur parût dure".
"Cette paix n'a pas été dure, mais débonnaire et gracieuse;
il faut montrer votre bonne volonté par des actes", remarque le
chambellan.
Marigny prend le parti de faire pression sur le comte
de Flandre et sur son fils en recourant à des mesures énergiques. Louis de Nevers
se voit confisquer ses comtés de Nevers et de Rethel et, avec son père, est
cité à comparaître devant la cour du roi en parlement pour se justifier "d'infractions
à la paix". Par l'intermédiaire de leurs procureurs, les "bonnes
gens" de Flandre sont invités à Tournai au mois d'octobre pour une
nouvelle conférence, durant laquelle on leur révèlera la "vérité",
afin qu'ils ne soient pas trompés "comme autrefois
par des bavards".
Robert de Béthune et son fils refusent
de paraître à Tournai. En leur absence, il est fait lecture d'un document, sans
doute préparé par Enguerrand de Marigny, qui expose la "vérité"
à la méditation des Flamands. Le chambellan manoeuvre afin que les bourgeois
se désolidarisent de leur comte, qu'il rend responsable de tous les maux, accuse
de détourner l'indemnité de guerre à son profit et de compromettre l'économie
de la province en retardant la paix. Il rappelle que la justice peut être trouvée
directement auprès du roi, ce qui constitue une véritable provocation à l'égard
de la juridiction comtale.
Les bourgeois flamands ne répondent rien à cette
harangue, mais ils comprennent qu'ils ont tout intérêt à lâcher leur seigneur
menacé.
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