LES CAPETIENS
PHILIPPE IV LE BEL, CHEF D'ETAT
Le roi et l'Ordre du Temple

 

LA DISSOLUTION DE L'ORDRE DU TEMPLE

Lors du concile général de Vienne, la lecture publique de la bulle "Vox in excelso" signe l'arrêt de mort de l'Ordre du Temple. Philippe le Bel n'a pas ménagé les pressions, jusqu'à venir, avec son armée, à Vienne. Il a finalement rallié le pape Clément V à son souhait de voir disparaître les Templiers.

L'avant-dernier acte de la triste fin de l'ordre des templiers vient de débuter... Assis sur son trône, Clément V; Philippe le Bel est assis à la droite du pape, sur un siège toutefois un peu plus bas; il faut ménager les apparences! Le souverain a le front ceint de sa couronne et porte un manteau à fleur de lys. Le chef de la Chrétienté et le roi de France font face à une vaste assemblée de pères conciliaires, de clercs et de barons. Non loin de là, une véritable petite armée, celle de Philippe le Bel stationne... Comme une menace sur ce concile de Vienne, dont Clément V ouvre solennellement, ce 3 avril 1312, la deuxième session.
Pape timoré et gravement malade, Ckément V a manifestement hâte d'en finir avec cette affaire du Temple. D'ailleurs Philippe le Bel ne ménage pas les pressions. En contrepertie de son engagement à ne pas intenter un procès à la mémoire du pape Boniface VIII, ce dernier a obtenu de Clément V, la suppression de l'ordre du Temple. Il reste à l'officialiser.

En ouverture de la seconde session du concile, le pape prononce un discours. Puis un clerc demande le silence absolu à l'assemblée, sous peine d'excommunication. La bulle "Vox in excelso", adoptée lors d'un consistoire secret quelques jours auparavant, est alors lue : "Considérant enfin que, pour de moindres motifs, l'Eglise romaine a aboli d'autres orrdres célèbres, nous abolissons, non sans amertume et douleur intimes, non pas en vertu d'une sentence judiciaire, mais par manière de décision ou ordonnance apostolitiques, le susdit ordre des templiers, avec toutes ses institutions..."
Par ces mots, Clément V vient de sceller le sort de l'Ordre du Temple et de le mettre à mort. Sans procès, ni approbation du concile. Si ce n'est le silence auquel l'assemblée a été contrainte. Ouvert en octobre 1311, le concile de Vienne, en Dauphiné, alors ville d'Empire, a failli mal tourner, du point de vue du pape et du roi de France. Rassemblant quelques 200 prélats, le concile a été convoqué pour examiner trois questions : l'affaire des templiers et l'examen des charges qui pèsent contre eux, le lancement d'une nouvelle croisade et la réforme de l'Eglise. Mais son principal objectif est, quoi qu'il arrive, la mise à mort du Temple.
Mais les pères conciliaires vont contrecarrer ces plans. Des groupes de plus en plus nombreux souhaitent la tenue d'un procès en bonne et due forme, et que la défense des templiers soit assurée. Par ailleurs, une poignée de templiers a fait le déplacement afin de défendre l'ordre. Manifestement, il y a danger... Un procès et une défense pourraient "laver" l'Ordre du Temple d'un certain nombre d'accusations. Clément V écrit, en novembre, à Philippe le Bel.

Le roi de France contre-attaque, le mois suivant, et convoque des états généraux qui doivent se tenir le 10 février à Lyon, à proximité de Vienne... Ces états généraux approuvent le principe de la suppression du Temple. Habilement, Philippe le Bel écrit au pape pour lui transmettre cette revendication et demande la création d'un nouvel ordre. C'est là l'un des souhaits, déjà ancien, du roi de France qui a aussi l'ambition d'installer un de ses fils à la tête du nouvel ordre.
Escorté par son armée, Philippe le Bel arrive à Vienne, le 20 mars. Cette manifestation de force laisse peu de choix au concile et aux prélats. Deux jours plus tard, le consistoire secret adopte la bulle "Vox in excelso".
Pour clore la lecture publique de la bulle, Clément V annonce finalement le projet d'une nouvelle croisade. C'est là aussi l'un des voeux de Philippe le Bel. Le roi de France échoue cependant sur un point, la création d'un nouvel ordre militaire qui aurait pu être le fer de lance de l'expédition vers l'orient. Reste encore à régler un point d'importance : l'avenir des biens de l'Ordre du Temple. Par une bulle prise en mai 1316, "Ad providam Christi vicarii", le pape attribue le patrimoine des templiers à l'ordre de l'Hôpital (les futurs chevaliers de Malte), hormis les biens situés en Aragon. Les hospitaliers auront bien du mal à rentrer en sa possession. Depuis la première vague d'arrestations, en 1307, la fortune des templiers a été mise sous séquestre. Nombre de puissants en ont dès lors commencé le dépeçage.
Le dernier acte de l'affaire du Temple se jouera avec le sort réservé à Jacques de Molay, le grand maître, et à quelques autres dignitaires.

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