LES CAPETIENS
PHILIPPE IV LE BEL, CHEF D'ETAT
Le roi et l'Inquisition

 

LE VOYAGE DE PHILIPPE LE BEL EN LANGUEDOC

Afin de ramener le calme en Languedoc où l'agitation est grande contre l'Inquisition, Philippe le Bel arrive pour Noël 1303 à Toulouse. Là, le roi de France va être choqué par l'attitude et les accusations des "agitateurs" qui vont se laisser aller à la sédition.

Le Languedoc s'agite. Les esprits s'échauffent contre l'Inquisition. Un jeune franciscain, Bernard Délicieux, harangue et prêche dans toute la province contre l'ordre rival des Dominicains. Accompagné par la reine Jeanne de Navarre, ses trois fils, les prélats d'importance que sont l'archevêque de Narbonne, Gilles Aycalin, et l'évêque de Béziers, Bérenger Frédol, Philippe le Bel fait le voyage jusqu'à Toulouse pour les fêtes de Noël 1303. Il y retrouve son fidèle conseiller, Guillaume de Nogaret, de retour d'Italie, où il est allé batailler contre la papauté qui menace le roi d'excommunication. La mort de Boniface VIII et l'élection du nouveau pape, Benoît XI, en octobre 1303, ont ramené le calme sur ce front là.

Passionné de chasse, Philippe le Bel est un habitué des petits déplacements vers les forêts giboyeuses qui entourent Paris. En revanche, il ne prise guère les grandes expéditions. Son voyage à Toulouse sera le seul du genre, en trente ans de règne! Mais en Languedoc, la situation est devenue critique et la conduite politique du royaume réclame que le roi intervienne.
Convaincu des excès de l'Inquisition, notamment par le franciscain Bernard Délicieux, Philippe le Bel entend bien, sur place, river quelque peu leur clou aux dominicains. Politiquement, il a fort à gagner. Rétablir le calme en Languedoc, c'est asseoir le pouvoir de la monarchie. S'en prendre aux dominicains, c'est limiter l'influence de la papauté dans les affaires du royaume de France. Le pape qui vient d'être élu n'est-il pas lui même un dominicain?
A Toulouse, à Carcassonne, à Béziers, Philippe le Bel prend peu à peu la pleine mesure de l'agitation. L'affaire ne se limite, semble-t-il, qu'à la seule mise en cause de l'Inquisition. Dès leur arrivée en terre languedocienne, le roi et son entourage comprennent combien le franciscain Bernard Délicieux a échauffé les esprits. Justement pour provoquer le voyage du souverain. Quand il reçoit les ambassadeurs d'Albi et de Carcassonne, le roi est également choqué par l'outrance des accusations portées. Son entourage, son confesseur dominicain notamment, est mis en cause. Mais à trop vouloir en faire ... Bref, c'est Bernard Délicieux qui, peu après, est invité à venir s'expliquer devant Philippe le Bel et son Conseil. Le franciscain ne convainc pas. Il heurte de nouveau le roi, laissant entendre que ce dernier n'a pas su rétablir la situation en Languedoc.

Au même moment, les relations entre le pape et le roi de France s'améliorent. Le 13 janvier 1304, dans des lettres patentes, Philippe le Bel reconnaît l'autorité de Rome sur l'Inquisition. Le fossé se creuse un peu plus entre le roi et les délégués des villes languedociennes qui se sentent trahis et abandonnés.
La visite de Philippe le Bel à Carcassonne, en février, est un fiasco. Bien que reçu en grande pompe, le roi est choqué par l'attitude et les mots d'Elie Patrice, un "bourgeois" allié de Bernard Délicieux qui a pris le pouvoir dans la ville. Convaincu que Philippe le Bel les a abandonnés, qu'il s'est rangé du côté des Inquisiteurs, Elie Patrice fait prendre le deuil aux habitants de Carcassonne. Le ton monte un peu plus à Béziers. Le franciscain, qui presse Nogaret d'envoyer à Rome des suppliques contre l'Inquisition, se fait fraîchement rabrouer. Philippe le Bel refuse deux vases (qui n'étaient pas terminés lors de son passage dans la ville) que les bourgeois de Carcassonne sont venus lui offrir. A la mi-février, à Montpellier, le souverain ridiculise un peu plus ce petit monde en refusant de recevoir les consuls de Carcassonne et en demandant à la reine Jeanne de leur rendre les vases qu'elle avait, elle, acceptés...
Il est désormais clair que le voyage royal en Languedoc s'est retourné contre ceux qui l'ont provoqué. L'échec ne fait pas désarmer les "agitateurs". Ils vont basculer dans le camp de la sédition et de la trahison. Puisque Philippe le Bel les a, selon eux, abandonnés, Elie Patrice et les notables de Carcassonne proposent à Fernand de Majorque, l'un des fils du roi d'Aragon Jacques II, vassal de Philippe le Bel, un "trône" languedocien. De son côté, le franciscain Bernard Délicieux poursuit ses prêches contre le roi. Le complot avec Fernand de Majorque découvert, Philippe le Bel, rentré à Paris, va abattre sa main de fer contre les séditieux.

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