LES CAPETIENS
PHILIPPE IV LE BEL, CHEF D'ETAT
Le problème de la Guyenne (27 octobre 1293 - Printemps 1296)

 

LA GUERRE DE GUYENNE

En position de force face à Edouard 1er d'Angleterre, Philippe le Bel prononce, le 19 mai 1294, la confiscation du duché de Guyenne. Pour éviter que l'Anglais ne s'allie avec la Flandre, il va se hâter de passer à l'action et, après trois campagnes militaires successives, la conquête de la Guyenne sera achevée au printemps 1296.

Le 27 octobre 1293, prenant prétexte d'incidents répétés entre marins français et anglais, Philippe le Bel a cité à comparaître devant la Cour Edouard 1er d'Angleterre, son vassal pour le duché de Guyenne, qui ne s'est pas présenté en personne et a délégué son frère, Edmond de Lancastre. Mais le Capétien cherche manifestement l'affrontement et multipplie les entorses à l'accord qui a été conclu.
Pour commencer, Marguerite de France, soeur du Capétien, refuse de respecter la clause en vertu de laquelle elle devrait épouser Edouard 1er, l'humiliant ainsi sans vergogne. Afin de prendre le contrôle de la Gascogne, Philippe le Bel envoie dans chaque ville forte non pas un homme ou deux mais toute une armée, par détachements successifs. Par ailleurs, il refuse le sauf-conduit que le roi d'Angleterre a demandé pour se rendre à Arras. Pourtant, c'est là que son vassal, après avoir sollicité un délai de deux mois, s'est résolu à comparaître devant lui. S'il ne veut pas perdre le prétexte qui lui permettra de confisquer le duché de Guyenne, le Capétien doit prendre le Plantagenêt de vitesse. C'est ainsi que, le 21 mars 1294, il peut "constater" avec la Cour l'absence d'Edouard 1er, et ce malgré les protestations d'Edmond de Lancastre. Le 19 mai, la confiscation de la Guyenne, prononcée pour faute grave, sonne comme une déclaration de guerre.

Le conflit paraissant désormais inévitable, Edouard 1er s'allie au roi des Romains Adolphe de Nassau, au duc de Brabant, aux comtes de Bar, de Savoie et de Juliers. De son côté, Philippe le Bel obtient le soutien du dauphin Humbert de Viennois, des comtes de Hollande, de Hainaut, de Bourgogne et du Luxembourg. Il sera ensuite rejoint par les rois de Norvège, d'Ecosse, de Majorque, de Castille et d'Aragon. En conflit avec le pays de Galles et l'Ecosse, Edouard 1er ne peut courir le risque d'être mis en difficulté en Grande Bretagne et n'est pas en position d'affronter une telle coalition. Aussi ne peut-il envoyer une forte armée sur le continent : une aubaine pour le roi de France.
Philippe le Bel juge le moment idéal pour passer à l'attaque. Pourtant, la situation d'abord favorable aux troupes d'Edouard 1er grâce à un allié innatendu, le duc Jean III de Bretagne, qui estime avoir été lésé par le Capétien et qui s'empare de Castillon, Blaye, Bayonne et Saint Sever. Mais bientôt, les Français reprennent l'avantage. Malgré tous les efforts d'Edmond de Lancastre, qui de négociateur malheureux devient soldat malchanceux, Charles de Valois, le frère du roi, occupe, dès 1295, la plus grande partie du duché. Fort opportunément, le camp adverse est miné par les dissensions : bien que tous vassaux du même suzerain, le roi d'Angleterre, les seigneurs gascons et anglais s'opposent si vivement que les premiers en viennent à massacrer les seconds, lorsque ceux-ci veulent rembarquer pour leur île.

Le roi d'Angleterre est dès lors contraint, le 1er janvier 1296, de désigner des plénipotentiaires pour négocier une trêve. Mais la guerre se poursuit. Au printemps, le comte Robert d'Artois engage de nouvelles opérations, achevant la conquête de la Guyenne. Derrière une défense mal organisée, les places tombent une à une. Edmond de Lancastre tente en vain de reprendre Bordeaux en débarquant une peite armée à Blaye. Il doit se réfugier à Bayonne, où il meurt au début de l'année suivante, tandis que Robert d'Artois oblige le comte de Lincoln à lever le siège de Dax.
"Le roi de France qui nous a frauduleusement enlevé notre terre de Gascogne, veut entreprendre maintenant la conquête de notre royaume, abolir la langue anglaise", écrit Edouard 1er en novembre 1295. Les événements semblent confirmer cette opinion. Peu après, Philippe le Bel réunit une flotte composée des navires transférés des ports méditerranéens et de quelques nouveaux bâtiments, dont la construction a été commandée à la hâte par le connétable Mathieu de Montmorency.
Mais, après avoir attaqué et ruiné le port de Douvres, le roi de France renonce à envahir l'Angleterre. Il ne veut surtout pas épuiser ses forces Outre-Manche : ce qu'il veut, c'est imposer son autorité à l'ensemble de son royaume. Cette attaque navale restera donc un sévère coup de semonce destiné à dissuader Edouard 1er d'intervenir sur le continent.

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