LES CAPETIENS
PHILIPPE IV LE BEL, CHEF D'ETAT
Le problème de la Flandre

 

LA REVANCHE FRANCAISE DE MONS EN PEVELE

Deux ans après la désastreuse défaite de Courtrai, Philippe le Bel a réorganisé son armée et repart en guerre contre la Flandre rebelle à son autorité. C'est à Mons en Pévèle, le 18 août 1304, après des heures de combat acharné sous une chaleur torride, que les troupes du Capétien vont enfin prendre leur revanche sur les milices communales flamandes.

La terrible défaite de l'armée de Philippe le Bel à Courtrai, à la bataille dite "des Eperons d'or", en juillet 1302, a de graves conséquences, à la fois militaires et politiques. D'une part, après le triomphe des milices communales, le gouvernement des villes flamandes n'est plus aux mains de l'aristocratie, mais entre celles des artisans (les "gens de métier"), qui, faisant fi de la coutume féodale, sont déterminés à résister à l'ingérence française et à lutter pour leur indépendance économique. D'autre part, la chevalerie ayant été décimée et de nombreux capitaines, parmi les plus brillants, étant morts, le Capétien doit impérativement réorganiser son armée et en restaurer les effectifs. Pour ce faire, l'ost, service militaire dû au roi par ses vassaux, est porté à quarante jours; le service des hommes d'armes est fixé à quatre mois; ceux qui ne combattent pas en personne doivent racheter leur service ou armer un remplaçant; il est permis aux paysans et aux bourgeois aisés qui peuvent se présenter avec un équipement complet de devenir chevaliers. Par ailleurs, le roi fait appel aux églises et aux monastères, qui, en proportion de la richesse de leurs domaines, doivent envoyer à l'armée des hommes, des chevaux et des chariots. Cependant, il va lui falloir attendre deux ans avant de prendre sa revanche sur les Flamands.

Le 9 avril 1304, Philippe le Bel scelle un accord avec le roi Edouard 1er d'Angleterre, qui s'engage à participer à la prochaine campagne militaire contre la Flandre sous sa bannière et arme vingt navires de guerre. En mai, le comte de Hainaut, Jean d'Avesne, demi-frère du comte de Flandre Gui de Dampierre, met lui aussi ses forces à la disposition du Capétien, qui a formé le dessein d'affaiblir les Flamands en les soumettant à un blocus par mer et par terre. Le 22 juillet, le roi rejoint ses vassaux et le gros de ses forces à Arras. Le 9 août, il s'empare de Tournai. Le 11 août, à Zierikzee, en Zélande, l'amiral génois Rainier Grimaldi, prince de Monaco et au service de la France, défait la flotte flamande commandée par Gui de Namur, l'un des fils du comte de Flandre, qui est fait prisonnier.
Une trêve est négociée jusqu'au 15 août, mais Philippe le Bel entend remporter la victoire décisive qui seule lui permettra à la fois de rétablir son prestige, d'affirmer et d'asseoir solidement sa prééminence de suzerain et de roi de France. Le 17 août, alors qu'elles marchent sur la position stratégique de Pont à Vendin, qui commande les communications entre Arras et Paris, l'armée française est rattrapée par l'ennemi près de la petite ville de Mons en Pélève, proche de Bouvines : les troupes royales n'ont plus le choix qu'entre la fuite honteuse ou le combat victorieux.

Le 18 août, au matin d'une journée qui s'annonce étouffante, les Flamands, commandés par Jean de Namur, l'un des fils de Gui de Dampierre, passent à l'attaque. Ils sont aussitôt mis à mal par les Français. Galvanisée par les encouragements et l'exemple du roi, la cavalerie, qui a momentanément reculé devant les tirs des arbalétriers ennemis, reprend le dessus. L'infanterie royale encercle les Flamands, qui sont pilonnés par les projectiles des balistes, de puissantes arbalètes montées sur affût et mises en position durant la nuit par le comte de Boulogne. Protégés par les "piétons" et les machines de guerre, les chevaliers chargent avec une telle fougue qu'ils obligent l'ennemi à se replier. Le comte Guillaume de Juliers, petit-fils de Gui de Dampierre, à la tête de quelques hommes, couvre la retraite des siens. Cet acte de courage lui vaut d'être tué : il est aussitôt décapité et sa tête est portée à Philippe le Bel, qui détourne les yeux de ce trophée sauvagement brandi au bout d'une pique.
Le soir venu, les Français sont toujours maîtres du champ de bataille. Mais, s'il veut rétablir fermement son autorité sur la Flandre, Philippe le Bel ne peut se contenter de ce succès : sa victoire ne sera décisive que s'il parvient à soumettre les villes rebelles. Aussi, dès le lendemain, entreprend-il de pousser son avantage en se lançant à la conquête des principales cités flamandes. Le 24 août, il met le siège devant Lille, qui capitule un mois plus tard.

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