LES CAPETIENS
PHILIPPE IV LE BEL, CHEF D'ETAT
Le problème de la Flandre

 

LE TRAITE D'ATHIS SUR ORGE
(23 juin 1305)

A l'issue de la campagne victorieuse de l'été 1304, Philippe le Bel est en position de force. Sa suprématie militaire va lui permettre d'imposer sa volonté aux Flamands et de les soumettre aux dures conditions du traité d'Athis sur Orge, signé le 23 juin 1305.

Après avoir vaincu les Flamands à Mons en Pévèle, en août 1304, Philippe le Bel a immédiatement poussé son avantage en conquérant les villes de Lille, qui a capitulé en septembre après un mois de siège, de Béthune, Douai et Orchies. C'est en position de force qu'il peut négocier avec son principal adversaire, Jean de Namur, l'un des fils du comte de Flandre Gui de Dampierre, qu'il retient dans ses geôles. Le roi se veut rassurant pour les villes : il ne remettra pas en cause leurs privilèges et leurs coutumes. Son intention est de restituer le comté à son vassal Gui de Dampierre : il n'a pas la volonté de le confisquer, seulement d'y voir son autorité respectée.

Fin décembre 1304, une conférence de paix s'ouvre à Paris. Parmi les négociateurs, les Français sont les plus nombreux et représentés par des membres de la haute noblesse, tels le comte Louis d'Evreux, frère de Philippe le Bel, le duc de Bourgogne et les comtes de Dreux et de Savoie. Tandis que les gens de métier et les bourgeois des villes ont été évincés des tractations politiques, la délégation flamande est constituée de quatre chevaliers de moyenne noblesse. Le déséquilibre en faveur du parti du Capétien est accentué au mois de février par l'arrivée de deux des meilleurs juristes du royaume : l'archevêque de Narbonne, Gilles Aycelin, et l'évêque d'Auxerre, Pierre de Mornay. Le 20 février 1305, un accord est trouvé, que deux envoyés du roi en Flandre se chargent de faire accepter aux villes. Les nobles et les bourgeois finissent par prêter serment, à des conditions si dures qu'elles sont cachées au peuple, qui devra payer! Après une tentative de refus, Bruges et Ypres se résignent : leur faiblesse est telle qu'elles ne peuvent se permettre une nouvelle guerre, laquelle serait désastreuse pour leur économie.
Le 7 mars, le comte Gui de Dampierre meurt. Aussitôt, Philippe le Bel libère son fils, Robert de Béthune, désormais comte de Flandre, à qui il rend son fief. Les villes flamandes ont le net sentiment que le roi et le comte se réconcilient sur leur dos. Le traité signé le 23 juin, jour de la Pentecôte, à Athis sur Orge les conforte dans cette conviction.

Tandis que Robert de Béthune entre en possession de l'héritage de son père, le comté récupère Lille, Douai et Orchies, conquises en 1304 par Philippe le Bel, mais qui continueront à être administrées par le roi tant que toutes les clauses du traité ne seront pas exécutées. Les Flamands doivent payer de très lourdes indemnités de guerre, 400 000 livres tournois en quatre ans, et sont contraints de s'engager à entretenir pendant un an un contingent français de 500 hommes, le financement de l'entretien de cette armée d'occupation se montant à 100.000 livres. Par ailleurs, ils devront verser au roi une rente de 20 000 livres, assise sur les biens fonciers de la famille de Dampierre hors de Flandre. Les cinq grandes villes rebelles, Gand, Bruges, Ypres, Lille et Douai, devront abattre et raser leurs murailles pour toujours. Bruges a droit à un traitement particulier : Philippe le Bel n'a pas oublié les terribles "Matines de Bruges" de mai 1302, durant lesquelles une centaine de ses soldats ont été assassinés. En guise de punition collective, 3 000 Brugeois devront partir en pélerinage; une ponction démographique énorme qui représente près de 10% de la population de la cité et risque d'entraîner des conséquences économiques graves. Seuls les leliaerts (les "gens de lys"), fidèles au roi, s'en tirent à bon compte : ils seront indemnisés et exemptés des impôts destinés au paiement des dommages de guerre.
Quant à Philippe le Bel, il se réserve quelques garanties sur l'exécution du traité. Jusqu'à ce qu'il ait tout obtenu, il garde les châtellenies de Béthune, de Lille et de Douai, ainsi que les châteaux de Cassel et de Courtrai. Enfin, le comte Robert de Béthune s'engage à se soumettre à une sentence d'excommunication du pape au cas où il ne respecterait pas l'accord d'Athis. Les Flamands jugent inique cette "paix de misère". Leur réaction augure mal de l'avenir : à son retour en Flandre, Robert de Béthune ne parviendra pas à convaincre les villes, qui réfutent un traité conclu sans elles et refusent de le ratifier. La question de Flandre est loin d'être réglée...

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