LES CAPETIENS
PHILIPPE IV LE BEL, CHEF D'ETAT
Le roi et l'Inquisition

 

LE FRANCISCAIN BERNARD DELICIEUX CONTRE L'INQUISITION ET LES DOMINICAINS

Terre du catharisme, le Languedoc plie sous la poigne de fer de l'Inquisition menée par les dominicains. Un jeune franciscain, Bernard Délicieux, part en guerre contre l'ordre rival, parcourt la province, harangue et prêche. L'insurrection gronde...

Dans un Languedoc déjà secoué par l'affaire Bernard Saisset, l'évêque de Pamiers qui a comploté contre Philippe le Bel, le franciscain Bernard Délicieux va ouvrir un nouveau front, rameuter les foules contre l'Inquisition et les dominicains qui la conduisent.
Le procès d'hérésie, intenté à Carcassonne, à l'encontre d'un riche bourgeois, Castel Fabri, est le détonateur. Proche des franciscains, ce dernier ne leur a pas ménagé sa générosité. En remerciement, l'ordre de Saint François l'a enterré dans son propre cimetière. Le procès fait à sa mémoire par les inquisiteurs dominicains est douloureusement ressenti par les frères mineurs.

Jeune et ardent, Bernard Délicieux, lecteur du couvent de Carcassonne, se voit confier par son ordre la mission de suivre l'affaire Fabri. Cette dernière est un nouvel épisode de la lutte que se livrent les deux ordres mendiants, tous deux créés au début du XIIIème siècle, et dont les fondateurs, Saint François et Saint Dominique, étaient pourtant proches. Une lutte qui se retrouve au sein du couple royal. La reine Jeanne a un confesseur franciscain, Philippe le bel, un confesseur dominicain. Les fils spirituels de Saint Dominique se sont assurés un monopole, celui de l'Inquisition. De ce fait, ils définissent la "vraie foi" et la défendent.Une situation que supportent difficilement les franciscains.
D'un tempérament vif, Bernard Délicieux monte au créneau pour défendre les intérêts moraux de son ordre. Mais l'inquisiteur dominicain lui ferme rapidement sa porte. Un comportement qui provoque une réaction radicale du frère franciscain. Il se rend auprès des enquêteurs royaux en Languedoc, Jean de Picquigny et Richard Le Neveu. Il les convainc que, sous couvert d'Inquisition, se trament d'autres affaires plus politiques. L'inquisiteur dominicain de Toulouse, Foulques de Saint George, est tancé, non sans protester, par les émissaires du roi. Soutenu par son ordre et une partie du clergé hostile aux dominicains et à leurs excès, Bernard Délicieux entame alors une tournée des villes du Languedoc. Son but : réunir tous les mécontents et les faire témoigner devant les enquêteurs royaux. Une conspiration est-elle en train de naître? Les émissaires de Philippe le Bel commencent à le redouter. L'affaire doit être portée devant le roi.

La troupe, à laquelle se sont joints des délégués des villes languedociennes, arrive à Senlis en octobre 1301. Autant par indignation que par calcul politique, Philippe le Bel fait pencher la balance du côté des franciscains. Il met à mal le pouvoir sans partage des dominicains et crée une commission chargée d'examiner les cas d'hérésie. Dominicains et franciscains y siégeront à parité.
Un bras de fer s'engage alors entre le roi et les frères prêcheurs de l'ordre de Saint Dominique qui soutiennent, bien entendu, Foulques de Saint George. Philippe le Bel propose de trouver un autre inquisiteur pour Toulouse. Les dominicains refusent. Le conflit traîne jusqu'en juin 1302. A ce moment là, les protagonistes s'avisent de trouver un compromis. Les dominicains acceptent finalement de démettre Foulques de Saint George.
En Languedoc, les esprits s'échauffent et la population s'en prend de plus en plus violemment aux dominicains. Les frères prêcheurs redoublent de sévérité. Bernard Délicieux, qui a trouvé un appui en Jean de Picquigny, poursuit ses harangues, mène quasiment ses partisans vers l'insurrection, attaque violemment les dominicains. Il continue de visiter les villes et rassemble les foules. En août 1303, des troubles ont lieu, à Carcassonne, après l'une de ses interventions publiques.
Pour calmer la population, les enquêteurs royaux font libérer les personnes emprisonnées par l'Inquisition. Un véritable affront à l'Eglise! D'ailleurs, Jean de Picquigny est excommunié par l'inquisiteur de Toulouse.
Rien ne semble pouvoir rétablir le calme. A Carcassonne toujours, l'église des dominicains est attaquée. Chacun attend que le roi intervienne. Delicieux et Picquigny vont en faire la demande au souverain, en octobre 1303. Pour la fête de Noël, Philippe le Bel et sa Cour prennent le chemin du Languedoc.

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