LES CAPETIENS
PHILIPPE IV LE BEL, CHEF D'ETAT
Le problème de la Flandre

 

LA CONVENTION DE MARQUETTE
(3 septembre 1314)

Plutôt que de prolonger les hostilités contre la Flandre, Philippe le Bel préfère une fois de plus négocier. Malgré l'avis de la majorité des membres de son Conseil, il fait le choix de la paix et décide de tenter de mettre un terme à un conflit qui s'éternise depuis bientôt dix ans. Quelques jours vont suffire pour trouver les bases d'un accord, qui sera scellé, le 3 septembre 1314, par la convention de Marquette.

Une séance houleuse s'ouvre au Conseil du roi, provisoirement installé à Orchies, pour décider de la poursuite ou de l'arrêt de la guerre contre les Flamands. Louis de Navarre, le futur Louis X le Hutin, fils aîné de Philippe le Bel et Charles de Valois, frère du roi, tous deux ardents combattants et amateurs de prouesses chevaleresques, soutiennent que la bataille doit être livrée et la victoire acquise avant de traiter. Leur faisant face, un autre frère du roi, Louis d'Evreux, plus diplomate, et le chambellan Enguerrand de Marigny préfèrent accepter l'offre de paix de Jean de Namur, frère cadet du comte de Flandre, Robert de Béthune. Malgré l'avis de la majorité des membres du Conseil, Philippe le Bel décide de négocier.

Le roi est hanté par le souvenir de la défaite de Courtrai, en juillet 1302, et ne veut pas prendre le risque de subir un autre échec aussi cuisant. Il espère que ses récentes démonstrations militaires suffiront à intimider les Flamands, tout en lui évitant de les repousser dans leurs derniers retranchements.
A la fin du mois d'août 1314, il envoie ses plénipotentiaires, Louis d'Evreux, Guy de Saint Pol et Enguerrand de Marigny, rejoindre Jean de Namur près de Tournai. Les bases d'un nouvel accord sont trouvées en quelques jours. Le comte de Flandre et son fils, le comte Louis de Nevers, acceptent de s'en remettre à la merci du roi, qui de son côté lève les sentences d'excommunication lancées contre eux et leur rend son amitié. A l'avenir, la paix sera garantie par Robert de Béthune qui proclamera Louis de Nevers son héritier pour le comté de Flandre. Celui-ci devra aussitôt prêter hommage et foi au roi et ratifier sans arrière-pensée le traité de Pontoise de juillet 1312; en gage de sa loyauté, il enverra son fils aîné, Louis de Crécy, en otage à la Cour de France.
Louis de Nevers confirme ces accords de Marquette, près de Lille, le 3 septembre. Charles de Valois en fait autant à Tournai. Enfin, le roi ratifie à son tour la convention de Marquette, le 10 octobre à Saint Denis.

Mais la convention de Marquette suscite maintes protestations. La noblesse française, oubliant la défaite de Courtrai, ne se souvient que de la victoire remportée deux ans plus tard à Mons en Pélève : les jeunes chevaliers de l'ost auraient voulu poursuivre le combat contre les Flamands et n'acceptent pas de voir ainsi leur échapper une occasion de se couvrir de gloire. Les contribuables, eux, ne peuvent admettre que le sacrifice consenti pour payer l'impôt de guerre n'ait servi à rien. "Sans rien faire, ils furent déboutés à eux en revenir non glorieux et sans honneur", résument les Grandes Chroniques de France.
Mais, comme le sage Louis d'Evreux, le roi a parfaitement compris qu'une victoire militaire, aussi décisive soit-elle, ne saurait régler un conflit qui s'éternise depuis bientôt dix ans. De plus, l'accord est fort avantageux pour lui : il redevient maître de Courtrai et se voit confirmer la possession de Lille, Douai et Béthune. Certes, Louis de Nevers récupère ses comtés de Rethel et de Nevers, et son fils gardé en otage à la Cour sera rapidement relâché. Cependant, la convention de Marquette a l'avantage de garantir l'exécution du traité de Pontoise et du "transport de Flandre" de juillet 1312 : "Le troisième article obligeait à ratifier le transport au roi des châtellenies de Lille, Douai et Béthune. A cela nous ne nous résoudrons jamais. Ce serait créer d'interminables difficultés. Ce serait morceler la Flandre", note Louis d'Evreux dans ses commentaires rendant compte des pourparlers. L'accord suscite une certaine déception chez les Français, et son exécution repose un peu trop sur la bonne volonté de Louis de Nevers, qui n'en fera pas toujours preuve. Mais Philippe le Bel a fait le bon choix de la paix, trop longtemps restée en supens.

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