LES CAPETIENS
PHILIPPE IV LE BEL, CHEF D'ETAT
Le roi et l'Ordre du Temple

 

PHILIPPE LE BEL ORDONNE L'ARRESTATION DES TEMPLIERS

Au début du XIVème siècle, l'ordre du Temple compte dans le monde quelque 1 500 frères, dont 200 vivent en France. Sa richesse et son orgueil lui valent l'animosité croissante du roi, mais aussi de l'opinion publique. A la suite d'une large campagne de calomnie, les Templiers, accusés des pires turpitudes, sont arrêtés, le 13 octobre 1307, lors d'une incroyable opération de police. La révélation de leurs moeurs, prétendument obscènes, va provoquer un énorme scandale et mener à la suppression de l'ordre, cinq ans plus tard.

A l'aube du 13 octobre 1307, le pays apprend l'incroyable nouvelle de l'arrestation des Templiers. Préparée dans le plus grand secret depuis un mois, l'opération mobilise la plupart des baillis et des sénéchaux du royaume qui séquestrent en quelques heures les hommes et les biens du Temple. Dès le lendemain, Philippe le Bel fait publier un acte d'accusation d'une rare sévérité, rédigé par son principal conseiller, Guillaume de Nogaret. Les Templiers sont accusés de pratiques obscènes, d'îdolatrie, d'hérésie et d'autres déviations, tant morales que religieuses. En fait, le roi a décidé d'en finir avec un ordre dont l'utilité est discutée alors même que sa puissance financière et son influence sont considérables.

Depuis la perte de Saint Jean d'Acre, en 1291, et le repli des croisés en Occident, les Templiers se sentent menacés. Leur richesse excite la jalousie. On leur reproche leur orgueil, leur rapacité et bientôt les rumeurs les plus folles courent à leur encontre. Ils seraient blasphémateurs et pratiqueraient des actes contre nature lors de l'initiation des nouveaux frères. Le secret des cérémonies de réception laisse libre cours aux suppositions les plus folles et les plus extravagantes. En 1305, Esquieu de Floyran, un bourgeois de Béziers, décide de vendre au roi de France des informations précises sur les agissements des frères du Temple. Philippe le Bel écoute avec intérêt une litanie d'extraordinaires accusations. Les Templiers seraient hérétiques, idolâtres, renégats, sodomites. C'est pour le roi l'occasion inespérée de se débarrasser d'un ordre devenu indépendant, gênant et, surtout, beaucoup trop riche...

Nogaret lance une première enquête au printemps 1307. Grâce à la complicité d'espions introduits dans l'ordre, le conseiller et futur garde du Sceau de Philippe le Bel a tôt fait de recueillir des témoignages accablants, généralement davantage motivés par des griefs personnels et la jalousie que par un réel souci d'objectivité. Le pape Clément V est à son tour contraint d'ouvrir une enquête officielle. Mais il multiplie les atermoiements et semble peu disposé à boucler le dossier. Pour Nogaret, le risque est alors grand de voir le gibier s'éclipser. Il lui faut donc réagir au plus vite, et sans alerter les intéressés. Un coup de filet est organisé dans la plus grande discrétion le 13 octobre 1307. C'est un succès sans tache. Jacques de Molay, grand maître du Temple, et une soixante de Templiers sont arrêtés sans résistance et leurs biens mis sous scellés. Les premiers aveux extorqués ébranlent le pape qui se voit obligé d'ordonner aux princes de toute la chrétienté romaine, le 22 novembre, de procéder à l'arrestation des Templiers dans leurs Etats. Mais le dossier est encore trop mince pour justifier une condamnation de l'ordre. Le roi a besoin d'aveux. La torture va l'aider à les obtenir.

Les templiers arrêtés sont interrogés dans tous les bailliages de France par des hommes du roi. Le choix qui leur est proposé est simple : le pardon après des aveux ou la mort. Systématiquement torturés, la plupart des prisonniers avouent tout ce qu'on leur demande. Mais la cruauté des enquêteurs est telle que trente six templiers meurent des suites de l'interrogatoire. Qu'importe, les aveux sont là, et quel déballage! Ainsi ces soldats du Christ auraient renié Dieu, craché sur la Croix, pratiquer des des baisers impudiques et des relations sexuelles contre nature. Le scandale est énorme, l'écoeurement général. Le peuple de France les considère plus que jamais comme des ivrognes (on dit à cette époque : "boire comme un templier!"), des alchimistes, des spéculateurs et des affameurs. Clément V n'a désormais plus le choix. Il ordonne la saisie des biens du Temple. Mais, il décide malgré tout de confier une nouvelle enquête à l'Inquisition. Ce n'est qu'après cinq ans d'enquêtes et de contre-enquêtes qu'un terme sera mis à l'affaire des Templiers avec l'interdiction de l'Ordre, le 3 avril 1312, par la bulle papale "Vox in excelsis".

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