LES CAPETIENS
PHILIPPE IV
LE BEL, CHEF D'ETAT
Le problème
de la Flandre
LA CONFERENCE D'ARRAS
(20 juillet 1313)
Lorsque s'ouvre la conférence d'Arras, le 20 juillet 1313, la guerre menace de reprendre en Flandre. Si les négociations menées par le chambellan Enguerrand de Marigny échouent, l'ost convoqué par Philippe le Bel est prêt à intervenir. Les représentants des villes et le comte Robert de Béthune vont encore une fois promettre de respecter les traités de paix : mais les Flamands ne se soumettront pas pour autant à l'autorité royale.
Huit ans après la traité de paix d'Athis sur Orge, le
conflit reste larvé entre Philippe le Bel et les Flamands. Mais, à la veille
de la nouvelle conférence qui doit s'ouvrir à Arras le 20 juillet 1313, les
deux partis sont au bord de la rupture. Cette fois, les procureurs des villes
et le comte de Flandre, Robert de Béthune, comprennent que le roi est prêt à
la guerre : aussi, bien qu'ils protestent tous de leur bonne foi, ils jugent
prudent de se montrer conciliants.
Robert de Béthune est cependant fort désappointé
de constater que Philippe le Bel ne participe pas directement à la conférence;
et surtout qu'il ne traite pas directement avec lui. Le roi est certes venu
à Arras, mais il ne se montre pas, et laisse conduire les pourparlers par ses
conseillers, en particulier le chambellan Enguerrand de Marigny qui est chargé
des affaires de Flandre. Il a par ailleurs refusé ostensiblement de discuter
avec le comte de Flandre, signifiant ainsi qu'il ne le tient pas pour son égal,
mais bien pour un vassal turbulent qu'il se fait fort de ramener à la raison.
Se sentant sérieusement menacées, les villes flamnades
font profil bas. Bruges, la plus rebelle d'entre elles, s'engage à raser ses
murailles dans les six mois, comme il en a été convenu lors du traité d'Athis
en juin 1305. Robert de Béthune, lui, se sent outragé : on a exigé qu'il envoie
un contingent à l'ost, le service militaire dû au roi par ses vassaux, qui a
été convoqué pour envahir la Flandre! Philippe le Bel ayant sollicité l'arbitrage
du pape Clément V, il revient au légat Nicolas de Fréauville d'apaiser les esprits.
Mais les Flamands ne comptent guère sur son impartialité : ils savent qu'il
est le cousin du chambellan Marigny et qu'il est tout acquis au roi.
Le 22
juillet, dernier jour des discussions, un clerc du roi fait lecture du traité
d'Athis et de celui de Pontoise, signé en juillet 1312. Il fait ensuite remarquer
aux Flamands qu'ils ont ratifié ces accords et qu'ils doivent en conséquence
en observer les clauses. Les délégués des villes n'ont plus qu'à promettre,
encore une fois, de respecter et d'appliquer les traités. Malgré son dépit à
se voir considéré comme un inférieur, Robert de Béthune jure lui aussi la paix.
En outre, il offre Courtrai en caution de l'exécution des traités et livre l'un
de ses fils, Robert de Cassel, en otage.
Juste avant la séparation de la conférence, trois membres
du Conseil du roi prennent à part Robert de Béthune pour lui donner quelques
"conseils" sur la manière de gouverner son comté dans l'avenir. Non
seulement ils lui suggèrent d'appliquer rigoureusement les traités, mais ils
l'invitent à choisir fort soigneusement ses officiers, à punir les coupables
d'agitation et à ne tolérer aucune menée belliqueuse contre le roi. Enfin, ils
l'engagent à faire jurer aux receveurs des impôts de verser intégralement les
"deniers de la paix", c'est-à-dire les sommes levées pour le
règlement de l'indemnité de guerre. Un document écrit récapitulant ces "conseils"
est remis au comte : "S'il a nul à son conseil, de
quelque état qu'il soit, qui conseille contre la paix ou qui, par corruption
ou autres faveurs, voudrait soutenir nul de céans, qu'il l'ôte de son conseil
et qu'il en fasse telle punition que les autres y prennent exemple, et que sa
disgrâce soit connue de tous (...). Il fera partout, solennellement, que nul
ne soit tant hardi qu'il dise de vilaines paroles du roi ni de ceux qui ont
été de son parti. Il punira ceux qui feront le contraire, en telle manière que
les autres y prennent exemple".
L'avertissement est clair : le
comte de Flandre est tenu pour responsable à la fois de la bonne exécution des
traités et de la loyauté de tous les Flamands à l'égard du Capétien. Comme ses
sujets, il est hostile à l'ingérence française, mais ne peut plus désormais
se permettre de les soutenir, serait-ce en sous-main ou en essayant d'atermoyer.
Cette situation n'est guère propice à inciter les villes à se soumettre, d'autant
que le comte Louis de Nevers, le fils aîné de Robert de Béthune n'est toujours
pas rentré dans le rang. Dès le mois de décembre, les relations entre Philippe
le Bel et la Flandre vont de nouveau se dégrader.
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