LES CAPETIENS
LOUIS IX, CHEF D'ETAT
Le retour de la septième croisade
(Juin 1253 - 7 septembre 1254)

 

LE RETOUR EST DECIDE

En juin 1253, peu après son arrivée à Sidon, Louis IX apprend la mort de sa mère, la régente Blanche de Castille. La nouvelle le bouleverse. Mais il s'inquiète aussi pour le royaume de France, dont le Gouvernement est considérablement affaibli et sur lequel Henry III d'Angleterre fait peser la menace d'une guerre. Très affecté par l'échec de la septième croisade, qui n'a pu reprendre le royaume de Jérusalem aux Infidèles, le Capétien devra se résoudre à quitter la Terre Sainte. C'est à Saint Jean d'Acre que, le 24 avril 1254, il s'embarquera pour l'Occident.

Depuis le mois de mai 1250, Louis IX, qui séjourne en Palestine avec l'armée de la septième croisade, est assez régulièrement tenu au courant de la situation du royaume de France. Jusque-là, les nouvelles sont rassurantes : la régence semble se passer sans problème majeur. Le roi n'est pas surpris, car il a toute confiance en la régente, sa mère Blanche de Castille. Cependant, la vieille reine est de plus en plus souvent sujette à des ennuis de santé et souffre de troubles cardiaques. Ce que le Capétien ignore encore, c'est que le 27 novembre 1252 Blanche de Castille est morte, à l'âge de soixante quatre ans à l'abbaye de Maubuisson. Au cours de l'hiver, les liaisons maritimes sont interrompues par le mauvais temps, et il n'apprend la triste nouvelle qu'au mois de jui suivant, alors qu'il a quitté Jaffa pour s'installer à Sidon.

Lorsque le légat pontifical, Eudes de Châteauroux, et l'archevêque de Tyr, Pierre de Sergines, lui annoncent le décès de sa mère, Louis IX s'effondre en larmes. "Il mena si grand deuil que, de deux jours, on ne put jamais lui parler", rapporte le sénéchal de Champagne Jean de Joinville dans sa Vie de Saint Louis. Quand enfin il est autorisé à se présenter au chevet du roi, celui-ci l'accueille avec un douloureux et désespéré "Ah! Sénéchal, j'ai perdu ma mère". "Sire, je ne m'en émerveille pas, car elle devait mourir. Mais je m'émerveille que vous, qui êtes un homme sage, ayez mené si grand deuil; car vous savez que le sage dit que la tristesse que l'homme a au coeur ne doit lui paraître au visage; et celui qui le fait, donne joie à ses ennemis et tristesse à ses amis", réplique Joinville en tentant d'apaiser le souverain éploré.
Inconsolable et en proie à une immense douleur, Louis IX est aussi inquiet. Quel est pour l'heur le sort du royaume? Est-il en péril? Que se passe-t-il désormais au sein du Conseil de régence? De fait, la situation est délicate. Depuis la mort de Blanche de Castille, le détenteur de l'autorité légitime est le jeune prince Louis, le fils aîné du roi, à peine âgé de dix ans. Cette relative vacance du pouvoir n'est pas pour apaiser les fréquentes querelles entre les barons et les prélats. D'autant que les frères du roi ne semblent pas vouloir prendre les choses en main : Alphonse de Poitiers est malade et Charles d'Anjou, préoccupé par ses ambitions personnelles, ne paraît guère au Conseil. Mais il y a plus grave : le belliqueux roi Henry III d'Angleterre manifeste une hostilité de plus en plus vive à l'égard de la France.

Depuis déjà plusieurs mois, Louis IX a conscience que la septième croisade s'est soldée par un échec. Lors de son séjour en Terre Sainte, il a travaillé à la restauration des défenses des implantations franques et s'est employé à rétablir la concorde entre les grands seigneurs de Palestine. Certes, il a fait oeuvre utile, mais pas au point de pouvoir effacer la défaite de Mansourah, infligée par les Egyptiens en avril 1250, ni l'humiliation de sa captivité dans les geôles du sultan Turanchah. Il sait qu'il lui faut désormais rentrer en France, reprendre son royaume en main. Mais il hésite car, n'ayant pu enlever le royaume de Jérusalem aux Infidèles et libérer la Ville Sainte, il a le sentiment d'avoir manqué à son devoir de souverain et de défenseur de la Chrétienté.
Les barons croisés ont vite saisi la gravité de la situation et craignent qu'Henry III n'entre en guerre pour conquérir le royaume de France. Tous s'efforcent de convaincre le roi de l'impérieuse nécessité de hâter son retour en Occident. Louis IX hésite, tergiverse, va jusqu'à refuser de se rendre en pélerinage à Jérusalem, un vieux déplacement pour lequel al-Nasir, le sultan de Damas et d'Alep, lui a exceptionnellement accordé un sauf conduit. Cependant, il n'a plus guère le choix et se décide à regagner son royaume, qu'il a quitté en août 1248. De Sidon, il rejoint le port de Saint Jean d'Acre, où il va s'embarquer le 24 avril 1254.

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