LES CAPETIENS
LOUIS IX, CHEF D'ETAT

 

LOUIS IX A SAINT JEAN D'ACRE
(Mai 1250 - Mars 1251)

Après avoir débarqué en Syrie le 13 mai 1250, Louis IX a décidé de rester en Terre Sainte. Donnant un tour nouveau à la septième croisade, il va s'employer à réorganiser les défenses des principales cités franques du littoral, à commencer par celle de Saint Jean d'Acre, où il séjournera jusqu'en mars 1251.

Le 13 mai 1250, Louis IX a débarqué à Saint Jean d'Acre. Le 3 juillet suivant, il a fait part devant l'assemblée de ses barons de sa décision de rester en Terre Sainte. En attendant la libération des 12 000 captifs encore retenus dans les geôles égyptiennes à la suite de la défaite de Mansourah, il va s'employer à mettre fin à l'anarchie qui règne dans les Etats latins d'Orient, à y rétablir la concorde et la discipline et à réorganiser les défenses des principales villes de la côte.
La septième croisade prend dès lors un tour nouveau. Comme il s'en ouvre à ses sujets dans une lettre remise à ses frères, Alphonse de Poitiers et Charles d'Anjou, le roi ne peut pour l'heure repartir pour son royaume de France; d'autant moins que le conflit naissant entre les princes musulmans du Caire et d'Alep rend la situation des Francs beaucoup plus favorables qu'il n'y paraît.

Le Caire est aux mains d'Aibeg, chef mamelouk qui a été proclamé sultan au début du mois de mai, après que Turanchah a été renversé et assassiné. En Syrie et à Alep règne encore la dynastie des Ayyoubides, descendants de Saladin. Louis IX va tenter d'exploiter au mieux les divisions de ces princes musulmans. Dès le mois d'août, le sultan Al-Nasir d'Alep entame avec Louis IX des négociations portant sur une alliance contre l'Egypte. Le roi de France ne peut accepter de sceller un accord avec les Ayyoubides, qui hypothéqueraient immanquablement les chances des chrétiens détenus par les mamelouks de recouvrer leur liberté. Cependant, il fait preuve d'une bienveillante neutralité à l'égard de son redoutable adversaire d'Alep, qui vient de passer à l'offensive contre les Egyptiens. Pendant ce temps, il envoie au Caire le chevalier Jean de Valenciennes, avec pour mission de rappeler à Aibeg les termes de l'accord pour lequel il s'est engagé à libérer l'ensemble des prisonniers chrétiens.
Portrait du sénéchal de Champagne Jean de Joinville par Merry Joseph Blondel, commandé par Louis-Philippe pour le musée historique de Versailles en 1846La première tâche des barons francs restés en Terre Sainte est de recruter des volontaires pour reconstituer l'armée croisée. Mais ils font preuve d'une telle lenteur que Louis IX s'en inquiète : "Sénéchal, vous savez bien que j'ai toujours confiance en vous, et vous ai tant aimé. Et toutefois mes gens m'ont rapporté que vous êtes si dur qu'ils ne peuvent satisfaire vos demandes. Qu'en est-il?", demande-t-il au sire de Joinville. Le sénéchal de Champagne répond que les moyens dont il dispose pour enrôler des hommes sont insuffisants et reçoit aussitôt une somme de 3 000 livres pour mener à bien sa mission.

Ce problème de recrutement réglé, Louis IX peut songer à réorganiser les défenses et à restaurer ls fortifications des principales villes latines du littoral, à commencer par Saint Jean d'Acre, où il séjourne. Le port de la côte syrienne, pris par Philippe Auguste et par l'anglais Richard Coeur de Lion en 1191, est situé à une centaine de kilomètres au nord de la Ville Sainte et est gouverné par le régent du royaume de Jérusalem, le roi Henri 1er de Chypres. Perché sur un promontoire rocheux, dominant la rade et la plaine littorale, il est défendu par une enceinte et un château fort. A l'est et au nord, côtés les plus exposés aux attaques des musulmans, Louis IX fait doubler la ligne des remparts. Il fait renforcer l'ensemble par une barbacane(une position avancée) et par une construction englobant les faubourgs. Au cours de l'hiver 1250-1251, sont entrepris les travaux visant à protéger le "bourg neuf", faubourg qui s'est développé au nord, par une muraille adossée à la mer et rejoignant les fortifications de la cité à l'ouest du château. L'entreprise exige une main d'oeuvre considérable, que le légat pontifical motive en promettant des indulgences à ceux qui prendront part au chantier. Comme à l'accoutumée, le roi n'hésite pas à montrer l'exemple et à payer de sa personne en transportant des sacs de terre ou des moellons. L'ouvrage est achevé au début de l'année 1251; et c'est la conscience en paix que le souverain capétien quittera Saint Jean d'Acre au mois de mars pour un pélerinege à Séphora, puis à Nazareth.

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