LES CAPETIENS
LOUIS IX, CHEF D'ETAT
Le retour de la septième croisade
(Juin 1253 - 7 septembre 1254)

 

DE SAINT JEAN D'ACRE A HYERES

Le 24 avril 1254, Louis IX, la reine Marguerite de Provence et leurs jeunes enfants quittent le port de Saint Jean d'Acre et la Terre Sainte. Pendant les deux mois et demi du voyage de retour de la septième croisade en Occident, les douze navires de la flotte seront durement malmenés par la mer et les vents. Et, au terme d'une pénible traversée, le Capétien débarquera aux Salins d'Hyères, en Provence, le 10 juillet.

A Saint Jean d'Acre, Louis IX a embarqué à bord de la nef royale avec la reine Marguerite de Provence et ses jeunes enfants, les grands de sa suite et le sénéchal de Champagne, Jean de Joinville. Le 24 avril 1254, les huit nefs et les quatre galères de l'escadre appareillent pour l'Occident, dernière étape de la septième croisade. Pendant le voyage, le pieux souverain fait dire une messe quotidienne, et tous les trois jours, fait adresser un sermon aux soldats et aux marins. Au deuxième jour da navigation, la flotte arrive en vue du mont Carmel. Louis IX décide d'y faire escale afin que le légat pontifical Eudes de Châteauroux y célèbre une messe, à laquelle doivent assister tous les croisés et tous les équipages, auxquels le roi recommande vivement de se confesser.

Le 1er mai, les navires croisés arrivent au large de Chypre. Dans les parages de l'île, le capitaine de la nef royale, le templier frère Raymond, est désorienté par une brume épaisse. Soudain, le navire talonne un banc de sable et s'immobilise. Tandis que les passagers prient le Seigneur de veiller à leur sauvegarde, trois plongeurs sont chargés d'aller estimer les dégâts. La quille est brisée, mais, heureusement, aucune voie d'eau n'est décelée. "Sire, pour tout conseil, si vous voulez nous croire, vous passerez de cette nef en une autre. Car nous doutons grandement que, quand on sera en haute mer, la nef pourra endurer les coups de lame sans périr", recommande le capitaine. Mais, sachant que tous les hommes ayant embarqué avec lui ne pourront être répartis sur les autres vaisseaux, Louis IX refuse de quitter le bord, préférant "mettre en la main de Dieu sa personne, sa femme et ses enfants", souligne Joinville dans sa Vie de Saint Louis.
Au cours d'une courte escale à Chypre, on effectue les réparations indispensables pour que la nef puisse reprendre la mer. Quelques jours plus tard, la flotte croisée est prise dans une violente tempête. La chambre de Louis IX, qui a été établie sur le pont de la nef royale, est démontée : elle offre une telle prise au vent qu'elle pourrait provoquer un chavirage. Cinq ancres sont mises à l'eau afin de stabiliser le navire. Tandis que Joinville tente de réconforter la reine, le souverain prie avec ferveur. Le calme revenu, il confie au sénéchal de Champagne : "Regardez si Dieu ne nous a pas bien montré son grand pouvoir quand, par un seul des quatre vents de la mer, le roi, la reine, ses enfants et tant d'autres personnages ont cru être noyés. Pourtant j'invite tous à Lui rendre grâce car les menaces que Dieu nous fait sont seulement pour notre bien, non pour le sien".

En vue de l'île de Lampedusa, située entre Tunis et Malte, Marguerite de Provence demande qu'on fasse escale afin d'acheter des fruits pour ses enfants. Les jeunes bourgeois parisiens chargés de cette mission en profitent pour musarder dans les vergers et retardent le convoi. Louis IX décide de les punir sévèrement et les condamne à terminer le voyage en chaloupe : malgré les supplications de la reine, des barons et des fautifs, il se montre intransigeant et maintient cette sanction.
Peu avant d'atteindre les côtes françaises, une catastrophe est évitée de peu. Une servante maladroite met le feu aux draps de la reine. Réveillée en sursaut, Marguerite de Provence, faisant preuve d'un remarquable sang froid, se saisit des linges enflammés et les jette par dessus bord.
Alors que la traversée touche à son terme, les capitaines de la flotte croisée proposent de prendre terre à Hyères. Certes, la Provence, terre d'Empire, est désormais soumise à l'autorité de Charles d'Anjou, l'un des frères du roi. Mais Louis IX veut rejoindre Aigues Mortes, "son" port, qu'il a fait édifier dans le midi du royaume et d'où il est parti pour la croisade en août 1248. Il se laisse cependant convaincre par les protestations de ses barons, tous pressés d'en finir avec ce pénible voyage. C'est donc aux Salins d'Hyères qu'il va débarquer, le 10 juillet 1254, après deux mois et demi de navigation.

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