LES CAPETIENS
LOUIS IX, CHEF D'ETAT

 

LOUIS IX DECIDE DE RESTER EN TERRE SAINTE
(Mai - Juillet 1250)

Le 13 mai 1250, Louis IX débarque à Saint Jean d'Acre. Après l'échec de la septième croisade en Egypte, il hésite à rentrer en France ou à poursuivre sa pieuse entreprise. Le 3 juillet, contre l'avis de la majorité de ses barons et de sa mère, la régente Blanche de Castille, il va décider de rester en Terre Sainte.

En Egypte, la septième croisade a tourné au désastre. Défait à Mansourah, Louis IX est resté prisonnier pendant un mois. S'il a été libéré, contre rançon, 12 000 chrétiens sont toujours captifs dans les geôles du sultan mamelouk Aibeg. En attendant que ses hommes soient relâchés, et alors qu'il n'a pas réussi à délivrer Jérusalem, reprise par les Infidèles six ans plus tôt, il envisage de se rendre en Terre Sainte et d'y rester pour en réorganiser les défenses.
Le 8 mai 1250, le Capétien et une centaine de chevaliers quittent l'Egypte pour la Syrie. Pendant la traversée, le roi partage son temps entre la prière et de longues discussions avec le sénéchal de Champagne, Jean de Joinville. Préoccupé par l'avenir militaire et religieux de la croisade, il veille à ce que chacun respecte scrupuleusement ses devoirs de chrétien. Ainsi, lorsqu'il apprend que l'un de ses frères, Charles d'Anjou, joue aux dés, il entre dans une rage folle. L'heure n'est pas aux amusements! De colère, il jette les dés et l'argent misé par les parieurs par dessus bord, entendant faire comprendre à ses troupes que tout signe de démobilisation est à bannir. Le souverain sait toutefois qu'il aura fort à faire pour convaincre ses barons de demeurer en Terre Sainte;  d'autant que certains, à l'instar de l'ancien duc de Bretagne, Pierre Mauclerc, sont déjà repartis pour la France.

Le 13 mai, Louis IX débarque à Saint Jean d'Acre, où, malgré sa récente défaite face aux Egyptiens, la population lui fait un accueil trimphal. Le lendemain, il envoie un émissaire au Caire afin de demander au Sultan la libération des derniers captifs chrétiens. Puis il s'octroie un délai d'un mois pour se rendre compte sur place de la situation des Etats latins d'Orient, avant de décider s'il restera en Terre Sainte ou regagnera son royaume. La faiblesse des forces chrétiennes l'engage plutôt à demeurer, au contraire d'une lettre adressée par sa mère : Blanche de Castille, à qui il a confié la régence du royaume en son absence et qui doit faire face à l'hostilité du roi Henry III d'Angleterre, plaide pour son retour.
Le dimanche 19 juin, le roi convoque ses barons afin de leur exposer la situation. Il les informe en outre que les seigneurs de Terre Sainte réclament sa présence à leurs côtés sous peine de devoir abandonner leurs Etats et regagner la France. Sur ce, il clôt la séance en leur demandant de réfléchir et de lui faire part de leur avis d'ici à une semaine.
Le 26 juin, comme convenu, l'assemblée siège à nouveau, rassemblant à la fois les barons d'Occident et d'Orient. Guy Mauvoisin, un seigneur de la région de Mantes, porte-parole des premiers, conseille au roi de retourner en France afin de récolter des fonds et de lever une nouvelle armée, puis de revenir. Louis IX procède à un tour de table pour s'assurer que cet avis est unanimement partagé.

Jean de Joinville ose s'opposer à la majorité des grands : "On dit (...) que le roi n'a pas encore dépensé ses deniers propres, mais seulement ceux du clergé; donc, qu'il dépense ses derniers, et qu'il envoie quérir des chevaliers en Morée et outre mer; quand on entendra dire que le roi donne bien et largement, les chevaliers lui viendront de toutes parts, et il tiendra campagne pendant un an s'il plaît à Dieu, et pendant ce temps il fera délivrer les pauvres prisonniers qui ont été pris au service de Dieu et au sien, et qui jamais n'en sortiront si le roi s'en va". Il n'est suivi que par son cousin, Gautier de Brienne, comte de Jaffa et représentants des barons locaux.
Portrait du comte Alphonde de Poitiers par Henri Decaisne, commandé par Louis-Philippe pour le musée historique de Versailles en 1843Une nouvelle assemblée se réunit le 3 juillet, alors qu'on vient d'apprendre qu'après le paiement du solde de la rançon, le sultan d'Egypte n'a pas respecté son engagement de libérer les captifs chrétiens. Louis IX fait part de sa résolution, irrévocable, de rester en Syrie : "Si je m'en vais, le royaume de Jérusalem est perdu, car nul n'osera demeurer après. J'ai donc regardé que jamais je ne laisserais le royaume de Jérusalem que je suis venu pour garder et conquérir". Il laisse ses barons libres de choisir de partir. Tandis que seuls des volontaires restent à son côté, certains, tels Jean de Nesle, comte de Soissons, Guillaume de Dampierre, comte de Flandre et le duc Hugues de Bourgogne, décident de le quitter pour rentrer en France. Ils seront accompagnés par Alphonse de Poitiers et Charles d'Anjou, que leur frère aîné charge d'aller soutenir leur mère régente du royaume et de constituer une armée de renforts.

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