LES CAPETIENS
LOUIS IX, CHEF D'ETAT

 

LOUIS IX FAIT VOEU DE CROISADE POUR LA SECONDE FOIS
(25 mars 1267)

Le 25 mars 1267, devant l'assemblée de ses barons, Louis IX fait pour la seconde fois voeu de croisade. Bien que les Etats latins d'Orient soient gravement menacés par BaÏbars, le sultan mamelouk d'Egypte, de nombreux Grands, encore échaudés par l'échec de la septième croisade, hésitent à suivre le Capétien outre-mer. Mais la foi qui anime le pieux souverain aura raison de leurs réticences et, pour la plupart, ils s'engageront à porter secours aux Francs de Palestine.

Sans doute encouragé par Louis IX, le poète Rutebeuf compose en 1267 ses Complaintes d'outre mer, dans lesquelles il accuse les évêques du royaume de refuser de céder leurs deniers pour financer la croisade, car ils n'ont d'autre préoccupation que "bons vins et bonne viande et que le poivre soit bien fort". A l'instar des prélats, bien des Grands ne sont guères enthousiasmés de devoir de nouveau prendre la croix. Quant à Louis IX, depuis son retour de Terre Sainte, au cours de l'été 1254, la pensée de la croisade ne l'a jamais abandonné. Certes, les Etats latins d'Orient sont en péril, mai le roi est-il animé par le désir de laver l'échec de la septième croisade? Entend-il ainsi réparer ses torts? Ou bien songe-t-il à se mettre en règle avec le Tout Puissant?

Au mois de mars 1267, les grands seigneurs du royaume sont convoqués à la Cour pour le jour de l'Annonciation. Le motif de la réunion n'est pas précisé, et, quand il arrive à Paris, le 24 mars, le sénéchal de Champagne Jean de Joinville s'étonne de ne trouver personne "qui sache lui dire pourquoi le roi l'avait convoqué". Le lendemain, les barons ayant répondu à l'appel se rendent à la Sainte Chapelle, où ils découvrent le souverain "monté sur la tribune des reliques". Après avoir ordonné qu'on lui fasse apporter le reliquaire de la Vraie Croix, le Capétien fait solennellement voeu de croisade. Il adjure l'assemblée de suivre son exemple et celui de ses fils, Philippe, le futur Philippe III, Jean Tristan et Pierre; seul leur cadet, Robert, âgé d'environ onze ans, ne se joindra pas à eux. Le comte Robert d'Artois, neveu du roi, puis Thibaud, comte de Champagne, roi de Navarre et gendre du Capétien, s'engagent à partir pour la Palestine. Les grands vassaux, pour la plupart, font de même, tels Jean 1er le Roux, duc de Bretagne, Alphonse de Brienne, comte d'Eu et Guy de Dampierre, comte de Flandre.
Néanmoins, tous ne sont pas habités par une foi aussi ardente en cette entreprise que celle qui anime le souverain. "Si le roi se croise, ce sera une des plus douloureuses journées qui ait jamais été en France; car si nous ne nous croisons pas, nous perdrons le roi; et, si nous nous croisons, nous perdrons Dieu, parce que nous ne prendrons pas la croix pour Lui mais par peur du roi", s'inquiète un chevalier dont Joinville rapporte les propos.

Louis IX mise sur la fête qu'il donne en l'honneur de l'adoubement de son fils Philippe pour susciter une adhésion plus massive à la huitième croisade. Le 5 juin, le jeune prince est armé chevalier. La cérémonie est suivie par un sermon du cardinal Simon de Brie, que le pape Clément IV a nommé légat pour la prédication de la croisade. Puis le roi prend la parole et adresse à ses vassaux une exhortation si vibrante que nombre des hésitants, à l'instar d'Eudes Rigaud, archevêque de Rouen et conseiller du Capétien, se décident de se croiser eux aussi. Dès lors, Louis IX consacre l'essentiel de son énergie et de son temps aux préparatifs de la croisade. Mais il se préoccupe également de l'avenir du royaume en pourvoyant à l'organisation de la régence et même de sa succession. A-t-il le pressentiment qu'il ne reviendra pas? Toujours est-il qu'il ordonne que, durant son absence, le Gouvernement soit confié à la reine Marguerite de Provence, qui sera secondée par deux de ses fidèles, Simon de Nesle, comte de Soissons, et Mathieu de Vendôme, l'abbé de Saint Denis. Il rédige ensuite ses Enseignements à son fils Philippe et à sa fille Isabelle, puis prend des dispositions testamentaires afin d'éviter le morcellement du royaume si jamais il venait à mourir.
Ces formalités accomplies, il est prêt à quitter sa famille et ses sujets pour accomplir son devoir de souverain chrétien en Terre Sainte. Il lui faudra patienter jusqu'au 1er juillet 1270, date à laquelle, à Aigues Mortes, il embarquera pour l'Orient.

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