LES CAPETIENS
LOUIS IX, CHEF D'ETAT
LOUIS IX MET FIN A LA GUERRE DE LIGNY
(Septembre 1268)
En septembre 1268, Louis IX met fin au conflit qui oppose le comte Thibaud de Bar aux comtes Henri de Luxembourg et Thibaud de Champagne. Par cet arbitrage, le Capétien va affirmer son pouvoir sur les féodaux et agir avec suffisamment d'habileté pour placer un fief d'Empire sous l'autorité d'un vassal de la Couronne de France.
En 1231, le comte de Bar Thibaud II a donné
la terre de Ligny en Barrois en dot à sa fille Marguerite lors de son mariage
avec le comte Henri II le Blond de Luxembourg, exigeant des détenteurs de la
seigneurie des bords de Meuse qu'ils ne prêtent hommage pour ce fief à nul autre
que lui-même.
Des années plus tard, les époux ont cédé le château en inféodation
à leur fils Galeran. De leur côté, les comtes de Champagne cherchent à étendre
leurs domaines jusqu'en Lorraine : en 1265, Thibaud V, comte de Champagne et
roi de Navarre, convainc le Luxembourgeois de lui prêter hommage pour Ligny.
Le comte de Bar ressent cette manoeuvre comme une injustifiable affront et,
profitant de la lutte qui oppose le Champenois au roi Henry III d'Angleterre,
déclenche une guerre féodale.
En 1266, soutenu par le comte de Flandre Gui
de Dampierre, Thibaud de Bar passe à l'attaque contre Henri de Luxembourg. Celui-ci
se défend en s'alliant à son neveu, le duc Ferri III de Lorraine; mais le 14
septembre, à la bataille de Preny, il est vaincu et fait prisonnier par le comte
de Bar. Ferri de Lorraine et Galeran de Luxembourg ripostent en ravageant le
Barrois.
Thibaud de Champagne ayant refusé sa suggestion
de requérir l'arbitrage de Louis IX, Thibaud de Bar fait saisir le fief du sire
Jean de Choiseul, qui a eu le front de s'opposer à lui : la guerre s'étend à
toute la province. Finalement le 8 novembre, le pape Clément IV demande au roi
de France d'intervenir.
Dans un premier temps, sur les instances de Ferri
de Lorraine, Louis IX obtient que Thibaud de Bar libère Henri de Luxembourg.
Puis après deux entretiens, il convainc Thibaud de Champagne, qui a épousé sa
fille Isabelle, de se retirer de la guerre. Enfin, il se fait remettre la seigneurie
de Ligny et la place sous séquestre. En octobre 1267, une fois les esprits belliqueux
apaisés, chacun s'engage, sous peine de lourdes sanctions, à accepter l'arbitrage
du Capétien, qui n'a plus qu'à s'atteler à la tâche et à trouver une issue acceptable
par tous.
Avant de rendre sa sentence, Louis IX prend soin d'examiner les
tenants et les aboutissants de cette guerre féodale particulièrement complexe.
Pour ce faire, il désigne un médiateur, Pierre le Chambellan, et des enquêteurs,
qu'il charge d'instruire l'affaire, de mars à juin 1268, dans le cadre de trois
informations distinctes. La première porte sur la rivalité entre les comtes
de Bar et de Luxembourg; la deuxième sur le conflit entre les comtes de Champagne
et de Bar; la troisième sur la querelle entre le comte de Bar et le sire de
Choiseul.
Bien que Louis IX laisse à leurs représentants,
Eustache de Conflans pour Thibaud de Champagne et le sire d'Apremont pour Thibaud
de Bar, la possibilité de décider des termes de l'accord, les deux parties ne
parviennent pas à s'entendre. C'est donc à Pierre le Chambellan que revient
la tâche de statuer, comme le prévoit le contrat d'octobre 1267. Il rend son
verdict en septembre 1268. Thibaud de Champagne conserve la seigneurie de Ligny,
qu'il devra inféoder au comte Henri de Luxembourg, ce dernier la sous-inféodant
à son fils Galéran. Henri de Luxembourg doit verser à Thibaud de Bar 16 000
livres tournois en réparation des dommages de guerre.
En s'évertuant à maintenir
l'ordre dans des territoires se situant en dehors du domaine royal, Louis IX
renforce l'influence de la monarchie capétienne et se pose en garant de la paix
en Occident. "D'où il advint ainsi
que les Bourguignons et les Lorrains qu'il avait pacifiés l'aimaient et lui
obéissaient tant que je les vis venir plaider par-devant le roi, pour des procès
qu'ils avaient entre eux, à la Cour du roi, à Reims, à Paris et à Orléans",
souligne Jean de Joinville dans ses Mémoires. Le roi a certes ramené la concorde
et préservé la paix. Mais il a surtout agi avec habileté en détachant le fief
du Barrois de l'Empire pour le placer sous l'autorité du comte de Champagne,
et donc de la Couronne de France.
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