LES CAPETIENS
LOUIS IX, CHEF D'ETAT
Le retour de la septième croisade
(Juin 1253 - 7 septembre 1254)

 

D'HYERES A PARIS

 De retour de la septième croisade après six longues années d'absence, Louis IX est triomphalement accueilli par ses sujets. Quittant le Midi pour rejoindre Paris, il sera fêté et acclamé dans toutes les villes qui jalonnent sa traversée du royaume. Le 7 septembre 1254, le peuple de la capitale lui réservera la plus enthousiaste des réceptions.

Le 10 juillet 1254, après une pénible traversée, Louis IX a débarqué aux Salins d'Hyères. En attendant les équipages qui lui permettront de regagner Paris, il séjourne avec la reine Marguerite de Provence, ses jeunes enfants et sa suite au château d'Hyères. C'est là, qu'il prie le franciscain Hugues de Digne de venir lui rendre visite : car il est très curieux de rencontrer ce frère mineur dont la réputation de piété est immense.

Sitôt en présence du roi, Hugues de Digne se lance dans un virulent sermon. "Seigneur, je vois trop de religieux à la Cour du roi, en sa compagnie", fit-il. Et sur ces paroles il ajoute : "Moi tout le premier". "Les Saintes Ecritures nous disent que le moine ne peut vivre hors de son cloître sans pêché mortel, pas plus que le poisson ne peut vivre sans eau", rapporte le sénéchal de Champagne Jean de Joinville dans sa Vie de Saint Louis. Après cette brutale entrée en matière, le religieux renchérit : "Il enseigna au roi en son sermon comment il se devait conduire au gré de son peuple (...). Or, que le roi prenne garde, puisqu'il s'en va en France, à faire si bien justice à son peuple qu'il en conserve l'amour de Dieu, de telle manière que Dieu ne lui ôte pas le royaume de France avec la vie". Ce discours pugnace ne laisse pas Louis IX insensible. Il offre à Hugues de Digne d'entrer à son service; mais celui ci refuse et ne consent qu'à rester une seule journée en compagnie de Sa Majesté.
La harangue du franciscain a d'autant plus marqué le Capétien que, fort affecté par l'échec de la septième croisade, il se montre plus pieux que jamais, d'une piété souvent excessive, confinant parfois à l'intransigeance. S'il a échoué à délivrer le royaume de Jérusalem du joug des Infidèmes musulmans, il n'a pas renoncé à gouverner selon les principes de l'Eglise chrétienne, afin d'oeuvrer à la fois pour son salut et celui de ses sujets.

Louis IX quitte le château d'Hyères pour Aix en Provence, puis se rend en pélerinage à l'ermitage de Sainte Marie Madeleine, à la Sainte Baume. En chemin, il prend ombrage d'une broutille et se montre fort peu charitable. Il est irrité parce que Ponce, l'écuyer qui mène son cheval, semble distrait : Joinville, prenant la défense du vieil homme, lui rappelle qu'avant de le servir, celui-ci a été le fidèle serviteur de son père, Louis VIII, et auparavant celui de son aïeul, Philippe II Auguste. Mais le roi ne se laisse pas attendrir et réplique vertement : "Il ne nous a pas servi; c'est nous qui l'avons servi quand nous l'avons souffert près de nous avec les mauvaises qualités qu'il a".
Après avoir fait étape à la Sainte Baume, le cortège du Capétien franchit le Rhône à Beaucaire, quittant les terres provençales d'Empire pour celles qui dépendent du royaume de France. De là, il fait un détour par Aigues Mortes, le port si cher au coeur du roi, puis entreprend le long périple qui va le conduire jusqu'à Paris. A Nîmes, Saint Gilles, Alès, Louis IX fait une entrée triomphale, acclamé par la foule en liesse. Il en va de même dans toutes les villes lors de la traversée de l'Auvergne et du Bourbonnais, lors des haltes au Puy, à Brioude, Issoire, Saint Pourçain. Après s'être recueilli à l'abbaye de Saint Benoît, à Fleury sur Loire, le roi rejoint son château de Vincennes le 5 septembre.
Le lendemain, il est à l'abbaye royale de Saint Denis, où il dépose l'oriflamme et la croix, qu'il a pris six ans plus tôt et qui ne l'ont jamais quitté. Désormais, il n'est plus ni un pélerin ni le chef de la croisade, et c'est en roi de France qu'il fait son entrée solennelle à Paris le 7 septembre. Il est accueilli par les vivats du peuple de la capitale : "Le roi est de retour, Vive le roi"! Le retour du souverain donne lieu à des réjouissances sans pareil; pendant plusieurs jours, on chante et l'on danse autour des feux de joie, on défile avec allégresse en processions, on célèbre maintes messes d'action de grâce.

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