LES CAPETIENS
LOUIS IX, CHEF D'ETAT

 

LOUIS IX ET LE " DIT " DE PERONNE
(24 Septembre 1256)

La comtesse Marguerite de Flandre n'est pas encore morte que ses cinq fils, nés de ses deux mariages, avec Bouchard d'Avesnes puis Guillaume de Dampierre, se disputent son héritage. Afin de régler ce conflit, dont l'enjeu est l'une des plus riches provinces d'Occident, sise en outre aux frontières du royaume de France et de l'empire. Louis IX va rendre son arbitrage par le "dit" de Péronne, le 24 septembre 1256.

Louis IX met son fils, le futur Philippe III le Hardi, en garde contre les querelles entre chrétiens et l'engage à les combattre du mieux qu'il peut. "Je t'enseigne que les guerres et luttes qui seront en ta terre ou entre tes hommes, tu t'efforces, autant que tu le pourras de les apaiser, car c'est une chose qui plaît beaucoup à notre Seigneur", lui écrit-il. En 1256, à son retour de Terre Sainte, le roi va être confronté à un conflit familial qui s'est envenimé jusqu'à mettre en péril la paix du royaume. En se posant comme arbitre impartial dans l'affaire de la succession de Flandre, il va une fois de plus signifier son autorité de suzerain équitable et sa souveraineté de souverain.

Tout commence en 1212. Marguerite, fille de Baudoin, comte de Flandre et de Hainaut, devenu Empereur de Constantinople, est confiée à la garde de Bouchard d'Avesnes, bailli de Hainaut, qui s'empresse de l'épouser. Mais, en 1216, le marié étant sous-diacre, cette union est déclarée illégitime et annulée en cour de Rome, bien que le couple ait eu deux fils, Jean et Baudoin. En 1223, Marguerite convole en secondes noces avec Guillaume de Dampierre, à qui elle donne trois autres enfants, Guillaume, Gui et Jean. Les Avesnes arguent ainsi de leur droit d'aînesse, tandis que les Dampierre insiste sur l'illégitimité de leurs demi-frères.
Le conflit pour la succession de Flandre se complique avec l'intervention de Jeanne, épouse de Ferrand de Portugal, comte de Flandre et de Hainaut, qui n'a pas d'enfant et dont Marguerite est la soeur et l'héritière. En 1235, Louis IX rend un premier arbitrage entre les deux soeurs : deux septièmes de l'héritage iront aux Avesnes, cinq septièmes aux Dampierre. A la mort de la comtesse Jeanne, en1244, l'affaire s'envenime, d'autant que la Flandre relève de la suzeraineté du roi de France et le Hainaut de celle de l'Empereur. En 1246, Louis IX confirme son arbitrage, mais Jean d'Avesnes revendique son héritage sans attendre la mort de sa mère et, en 1251, fait reconnaître sa légitimité par Rome. En juillet 1253, soutenu par son beau-frère le comte Guillaume de Hollande, que le pape Innocent IV a fait roi des Romains pour contrer l'Empereur Frédéric II, il envahit la Zélande et fait prisonniers Gui et Jean de Dampierre (Guillaume, lui, est mort accidentellement deux ans auparavant)/

Désemparée, la comtesse Marguerite fait appel à Charles d'Anjou, qui en l'absence de son frère Louis IX, alors en Terre Sainte, semble seul capable de lui venir efficacement en aide. Le prince capétien, à qui on a promis le comté de Hainaut à condition qu'il défende la Flandre, occupe Valenciennes et Mons : il s'en faut peu que la querelle familiale ne dégénère en conflit armé entre le royaume de France et l'Empire.
Dès son retour de la croisade, le roi rappelle son frère à Paris et lui reproche vertement son intervention belliqueuse. Il décide d'intervenir personnellement pour que l'accord de 1246 soit respecté. La mort de Guillaume de Hollande, en janvier 1256, et le fait que la comtesse Marguerite de Flandre consente à s'en remettre à son jugement lui facilitent grandement la tâche.
Le 24 septembre 1256, Louis IX rend sa sentence, qui reste conforme aux accords précédents : la Flandre ira aux Dampierre, le Hainaut aux Avesnes. Mais reste le problème du Hainaut, qui a été donné à Charles d'Anjou.
Aussi soucieux de se montrer équitable que de permettre à son cadet de sauver la face, le roi décide que, en compensation de la restitution du duché, la comtesse Marguerite versera à son frère 160 000 livres tournois. Elle devra en outre payer au comte de Hollande une forte rançon pour la libération de Gui et Jean Dampierre, et se réconciliera peu après avec Baudoin, le dernier des Avesnes survivants.

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