LES CAPETIENS
LOUIS IX, CHEF D'ETAT
LE TRAITE DE VENDOME : LES GRANDS VASSAUX SE SOUMETTENT PROVISOIREMENT
(16
mars 1227)
Par le traité de Vendôme, signé le 16 mars 1227, Blanche de Castille va briser la révolte des grands vassaux conduite par Pierre Mauclerc, duc de Bretagne, et Hugues de Lusignan, comte de la Marche. Mais les rebelles ne feront que provisoirement leur soumission au jeune roi Louis IX.
En attendant la majorité du jeune
Louis IX, la régence a été confiée à la reine
mère, Blanche de Castille. Les grands vassaux ont vu là l'occasion
de se dresser contre le pouvoir royal fragilisé. Conduits par Pierre
Mauclerc, duc de Bretagne, Hugues de Lusignan, comte de la Marche, et Thibaud,
comte de Champagne, ils ont formé une coalition, que soutient le roi
d'Angleterre, Henry III. Tandis qu'ils rassemblaient leurs forces près
de Thouars, dans le Poitou, la régente a convoqué l'ost royal.
Blanche de Castille a réagi avec une promptitude remarquable. Faisant
montre d'une grande intelligence politique, elle s'emploie à briser la
révolte en attirant à elle le plus puissant des coalisés,
Thibaud de Champagne. Le comte est un adversaire redoutable, qui détient
de vastes fiefs proches du domaine royal, exerce sa suzeraineté sur les
comtes de Blois, de Chartres, de Châteaudun et de Sancerre, bénéficie
d'alliances familiales solides.
Dans un premier temps, c'est donc vers la
Champagne que la régente entraîne l'armée royale. Cette
habile manoeuvre vise autant à effrayer le comte Thibaud qu'à
jeter la confusion parmi les rebelles. Il n'en faut pas plus (avec en prime
la cession de Romorantin!) pour que le comte de Champagne rentre dans le rang
et se rallie à Louis IX.
Cette menace éloignée, l'armée
royale, Blanche de Castille et le jeune roi à sa tête, se met en
route pour le Poitou. Le 20 février 1227, elle est à Tours. Le
lendemain, elle est à Chinon. Thouars, où l'attendent les coalisés,
n'est qu'à une trentaine de kilomètres, et une bataille rangée
pourrait être déclenchée d'un moment à l'autre. Mais,
en ces temps médiévaux, l'usage est, tant que faire se peut, d'éviter
le combat. En outre, Blanche de Castille ne tient pas à s'aliéner
définitivement les puissants rebelles. Pris au dépourvu par la
riposte de la régente, ceux-ci souhaitent gagner du temps car ils attendent
des renforts du roi d'Angleterre. On décide donc de se rencontrer à
Curçay, à mi-chemin de Thouars et de Chinon. Ses anciens alliés
chargent Thibaud de Champagne de négocier avec la reine mère.
On le prétend secrètement amoureux de Blanche de Castille, et
sans doute est-il aux anges de pouvoir approcher la dame de ses pensées,
qu'il célébrera dans ses chansons et ses poèmes : "Celle
que j'aime est de telle seigneurie que sa beauté me fait outrecuider"!
Pendant
une vingtaine de jours, les pourparlers s'éternisent. Faute de trouver
un arrangement, la régente somme Pierre Mauclerc et Hugues de Lusignan
de venir à Chinon. En gage de bonne foi, elle ordonne à son armée
de se replier vers le nord. Mais les rebelles espèrent toujours l'aide
d'Henry III et ne daignent même pas répondre. Quelques jours plus
tard, la reine les fait mander à Tours : ils persistent dans leur refus
d'obtempérer. Une troisième sommation leur est alors notifiée.
Cette fois, Pierre Mauclerc et Hugues de
Lusignan sont priés de venir faire leur soumission au roi à Vendôme.
Au risque de se voir confisquer leurs fiefs, ils doivent accepter de s'y rendre.
D'autant qu'Henry III (bien qu'il veuille toujours récupérer les
domaines pris par Philippe Auguste et Louis VIII à son père Jean
Sans Terre) n'a pas donné signe de vie et que son frère, Richard
de Cornouailles, a conclu une trêve avec la régente.
"Remuant
des lèvres et branlant du chef", ironise un
chroniqueur, les deux félons prennent le chemin de Vendôme, bien
décidés cependant à monnayer leur ralliement à la
Couronne. Le 16 mars 1227, le traité de Vendôme sanctionne leur
soumission et l'hommage qu'ils prêtent à Louis IX. Au lieu de les
punir, Blanche de Castille sait se montrer généreuse. Pierre Mauclerc
reçoit, à titre héréditaire, les villes d'Angers,
du Mans, de Baugé et de Beufort en Vallée. Il est convenu que
sa fille Yolande, autrefois promise au roi d'Angleterre, épousera le
comte Jean d'Anjou et du Maine, frère cadet de Louis IX. Hugues de Lusignan
obtient la somme colossale de 10 000 livres tournois. Son fils sera marié
à Isabelle de France, soeur de Louis IX, et sa fille, à Alphonse
de Poitiers, frère du roi.
Malgré les concessions faites par
Blanche de Castille, le traité de Vendôme ne sera suivi que d'une
simple trêve. La soumission de Mauclerc et de Lusignan n'est qu'apparente...
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