LES CAPETIENS
LOUIS IX, CHEF D'ETAT
LE TRAITE DE MEAUX PARIS : RAIMOND VI DE TOULOUSE CEDE SES DOMAINES
A LA COURONNE
(12 avril 1229)
Au terme de dix sept années de lutte contre le pouvoir royal, le dernier des comtes de Toulouse rend les armes. En 1229, humilié par le traité de Meaux-Paris, Raimond VII abandonne ses terres du Languedoc aux Capétiens. Malgré la persistance de l'hérésie cathare, qui ne sera définitivement vaincue qu'une vingtaine d'années plus tard, la régente Blanche de Castille remporte là une grande victoire politique
Depuis que, en 1209, le pape Innocent III a fait prêcher la croisade contre les Cathares (les Albigeois), le midi de la France a été ravagé par la guerre. Durant ces dix sept années, le Languedoc a été saigné à blanc par les troupes royales, menées par l'impitoyable Simon de Montfort. Mais, pas plus que son fils Amaury, qui a repris le flambeau après sa mort sous les remparts de Toulouse en juin 1218, celui-ci n'a pu mettre un terme à l'hérésie cathare ni à la rébellion des barons occitans, très attachés à leur indépendance. Bien au contraire, en 1226, les progrès du "séparatisme" occitan ont décidé Louis VIII à entreprendre une nouvelle croisade. Excommunié, le comte Raimond VII de Toulouse, a vainement tenté de résister. Après trois mois de siège, Avignon est tombée. Puis Nîmes, Castres, Carcassonne et Narbonne se sont rendues. La mort de Louis VIII, en novembre 1226, et la difficile mise en place de la régence du jeune Louis IX, exercée par sa mère, Blanche de Castille, ont permis à Raimond VII de reprendre quelques villes. Mais ce n'est là qu'un feu de paille : ses caisses sont vides, son armée est lasse et la population languedocienne accablée et résignée. L'impasse est telle que le comte de Toulouse se résout à accepter les offres de négociation de Blanche de Castille.
Au mois de décembre 1228, Raimond
VII dépêche auprès de la régente le cistercien Elie Guérin pour régler les
préliminaires de l'accord. Aussitôt, le ton est donné. Pour la monarchie, il
s'agit moins de négocier que de s'assurer la mainmise sur les terres du comte
de Toulouse et d'extirper définitivement l'hérésie cathare. Raimond VII, qui
s'est engagé à accepter par avance les engagements que prendrait en son nom
Elie Guérin, est piégé. Convoqué à Meaux, puis à Paris, il doit s'humilier
devant le légat du pape, l'implacable cardinal Frangipani. Le 12 avril 1229,
jeudi saint, devant le portail de Notre Dame, en chemise et pieds nus, il jure
obéissance à l'Eglise et s'engage à combattre le catharisme. Relevé ensuite
de son excommunication, il est conduit devant l'autel pour y faire amende
honorable et implorer la protection de Dieu pour la gloire de qui il s'engage à
combattre cinq années durant en Terre Sainte.
Les clauses politiques ne sont pas moins rigoureuses. La régente Blanche de
Castille, par ailleurs contestée, souhaite mettre un terme à le rébellion des
provinces méridionales. Aussi Raimond VII doit-il céder aussitôt toutes ses
possessions du Languedoc oriental, du Rhône à la Méditerranée, qui sont
aussitôt organisées en sénéchaussées, celles de Beaucaire-Nîmes et de
Carcassonne. Il perd aussi le marquisat de Provence au profit de l'Eglise.
Quant au Languedoc occidental,
Toulouse et son comté, Raimond VII n'en conserve que l'usufruit. Il accepte de
le laisser en héritage à sa fille unique, Jeanne, qui doit épouser Alphonse
de Poitiers, le frère de Louis IX. L'Agenais, le Rouergue, le Quercy et une
partie de l'Albigeois lui restent en pleine propriété, mais iront enrichir
l'héritage de Jeanne, si, hypothèse la plus probable, il meurt sans laisser
d'autre héritier. En attendant, le comte prête au roi le serment de fidélité
qui marque sa soumission, s'engage à abattre les remparts de Toulouse et à
raser les châteaux de ses vassaux rebelles. Dans ses domaines, l'Eglise lui
impose de s'employer activement à extirper le catharisme, de veiller à la
bonne exécution des sentences d'excommunication et à la rentrée des dîmes
ecclésiastiques. Enfin, il devra payer d'ici quatre ans 20 000 marcs d'argent au roi
et au clergé, et fonder l'Université de Toulouse, qui deviendra un bastion de
la lutte contre le catharisme.
De retour dans le Languedoc, isolé et incapable de faire face à ses
engagements financiers, Raimond VII boit le calice jusqu'à la lie et doit
bientôt céder Cahors et quelques fiefs du Rouergue et du Quercy. Aux termes du
traité de Meaux-Paris, il n'est plus qu'un obséquieux valet de l'Eglise et un
docile sujet de Sa Majesté Louis IX, ainsi que l'ont voulu Blanche de Castille
et le légat Frangipani. Incontestable victoire politique de la monarchie
capétienne, ce traité ne clôt cependant pas la lutte contre les Cathares,
lesquels résisteront pendant encore près de vingt ans.
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